“J’ai failli arrêter plein de fois, même quand je faisais des prods, que je n’arrivais pas à les placer, ou que je ne trouvais pas mon style. Sauf que la musique, c’est mon truc. Et je sais que même si je n’étais pas parvenu à signer dans un label, j’aurais continué quand même. Tu sais, moi, tout m’emmerde. Et parmi le peu de choses qui m’amusent, il y a la musique”.
Bonsoir à toutes et à tous. Bienvenue dans la Chambre noire de Radio Nova. On peut clairement dire de notre artiste précédemment cité qu’il a le don de ne pas laisser indifférent.
Par son attitude, son phrasé faussement nonchalant, ses textes pour le moins provoc et sans filtre, notamment à l’égard de la gent féminine. Il aurait de quoi cliver.
Mais à y voir de plus près, on aperçoit bien vite un regard ultra distancié entre lui et le personnage de ses chansons.
Derrière son allure de joueur de handball qui ne se laisse pas prier pour une troisième mi-temps, on ressent qu’une profonde mélancolie se dégage. D’où les failles dans le personnage auquel on ne s’identifie pas forcément. Mais auquel on s’attache.
« Cette phrase, elle est de vous ? ». C’est ce qu’on lui dit souvent à propos de ses paroles. Comme s’il n’était pas capable d’accoucher sur papier le malaise d’une génération. Ses amours sans lendemain. La peur de la solitude. La fuite en avant face à la précarité qui mord le mollet d’une jeunesse souvent sacrifiée.
Pourtant, sûrement en marque de fausse modestie, notre Jean-Jacques Rousseau moderne confesse que les paroles importent peu pour lui. Ce qui compte pour ce natif de Guyane, arrivé en banlieue parisienne a 15 ans et qui se rêvait membre du groupe Justice à lui tout seul, c’est la mélodie. Une mélodie avant tout où se mêle, pop, bossa nova, rythmes électro enivrants et mélopées douces pour chalouper seul ou en bande désorganisée.
Quelques productions sur ordinateurs et des gammes apprises sur la guitare du paternel plus tard, il décide adulte, quand il ne travaille pas comme luthier, de prendre également le micro.
Et ensuite, à écrire, autant que ce soit sincère. Pas faire de la musique pour plaire aux filles comme un vieil aigri ou passer des messages à la mode qui l’assurerait un passage en radio.
Résultat, dès son premier titre sorti, celui qui est encore surpris que ses chansons trouvent un écho et encore plus un public tape dans l’oreille de notre programmation.
Le reste de l’histoire s’écrit encore aujourd’hui avec un premier album sorti il y a quelques jours et nous sommes persuadés qu’une longue carrière l’attend.
De sa Guyane native, notre invité est notamment nostalgique d’un moment : celui de la saison des pluies. C’était un moment de paix, il regardait la pluie tomber, sous une taule, en short et en tongs, sans prendre froid, avec l’impression de comprendre l’univers. Merci d’avoir fait de la Chambre noire un télescope pour contempler une étoile digne d’une supernova.