Mercredi 6 :
Matteo est à la Gare de Coustellet pour un ZapeRo Mix. Le producteur et DJ de Chinese Man, récemment vu accompagné de musiciens lors de la présentation de son projet perso dans le parc du Palais Longchamp, Matteo retrouve les platines pour un DJ-set dont il a le secret comme on dit dans les officines des agences de renseignements du goût. Bourlingueur musical, Mattéo qui taquine beats hip-hop, trip-hop et electro, régale. Ce verbe prend ici tout son sens, puisque ce soir, son mix accompagne le marché paysan (circuit court et raisonné) qui se tient dès 17h sur le quai de la Gare. (DJ-set dès 18h30 à la Gare de Coustellet — 105 Quai des Entreprises —Maubec — Gratuit.).
Dirty Cute, invité de l’opé Au Tour du 6 Mic. C’est sa grande boucle à lui, comme un lasso autour du gros caillou dessiné par Rudy Ricciotti, une boucle qui comme celle qui se pratique à vélo traverse du mardi au dimanche (lundi c’est jour de repos au 6MIC) des villes étapes. Plutôt que de sagement y dormir, les programmateurs du 6MIC ont fouillé avec l’aide précieuse de correspondants locaux, salles ou structures d’accompagnement les scènes musicales, et ont programmé un artiste ou formation par ville. A l’issue de ce premier concert programmé à 20h30, un groupe émergeant aixois ou des environs, prendra le relai. Ces deux concerts à ciel ouvert dans le patio sont le rendez-vous fraicheur et découverte de l’été, gratuit qui plus est ! Aujourd’hui pour la deuxième étape de ce tour, L’Aéronef, salle lilloise, nous invite à découvrir l’univers d’YMNK. Homme-orchestre, multi-intrumentiste, bidouilleur de synthés qu’il confectionne lui-même, développeur… j’en passe et des meilleurs, YMNK tout comme sa musique n’a pas de limite. Voici tout de même quelques points de repères jetés en pâture : 8-bits, math-rock, ambiant… Côté local, 6MIC convie Dirty Cute, ce trio (Fabb, Uli Wolters, Carl Charrin), winner de l’opé Quart 2 Tour, confectionne une pop inventive, classieuse et hors du temps. (De de 19h à 1h au 6MIC — 160 rue Pascal Duverger — Aix-en-Pro’ — Gratuit.)
Shazam Bonvoyage mixe 100% vinyle à Placette. La DJ revendique haut et fort son amour du partage en musique, en s’appropriant en guise de prénom, le blaze de l’appli qui t’évite d’aller solliciter le DJ quand celui-ci ou celle-ci, le casque sur les oreilles, n’entend quoi qu’il arrive, rien. Pour elle pas de doute, sa culture musicale est histoire de rencontres. Elle a construit pierre à pierre, titre à titre, sa boite à musiques, son coffre à pépites, son skeud-bag. Elle a écouté, récouté, dansé dans sa tête ou avec tout son corps, fouillé, expertisé, et ce mercredi elle partage quelques-unes de ses galettes préférées de cire noire. Car ce soir comme tous les mercredi soir à Placette, juste derrière la Mairie Centrale, légèrement sur la gauche quand tu regardes la Bonne Mère ; les DJs conviées ne mixent que vinyle. A l’ancienne, rien n’est compressé, si ce n’est nous après une journée sous l’intense soleil de Mars. Ça tombe bien, l’apéro est au frais et Shazam prête à jouer des titres que ton téléphone ne reconnaitra peut-être pas. Comme quoi ! (Dès 19h30 à Placette — 22, rue de la Guirlande — 13002 — Entrée libre.).
Projection d’Alephia 2053, le premier film d’animation en langue arabe au Zik Zac Festival d’Aix-en-Pro’. Produit au Liban où il a été réalisé par Jorj Abou Mhaya, ce premier film d’animation en langue arabe diffusé sur le net depuis mars de l’an passé, a très rapidement, en un mois, atteint les 8 millions de vues sur le net. On y voit un dictateur, sans qu’aucun état en particulier ne soit cité, dans un monde arabe en désolation. On y parle révolution et répression. Les Printemps Arabes sont dans toutes les mémoires et ont pour sûr nourri le scénario. Un film qui ouvre un nouveau chapitre du grand livre des cinémas arabes comme l’ont noté plus d’un commentateur avisé. Afin d’attendre la tombée de la nuit, la projection sera précédée d’un mix à 4 mains, les deux de Big Buddha (votre conseiller en sorties) aux platines et celles de Mohamed Bellal aux percussions : tablas, bongo, derbouka, cajon. (Dès 20h au Théâtre de Verdure du Jas de Bouffan — Aix-en-Pro’ — Gratuit.).
Shadi Fathi & Bijan Chemirani présente Âwât, leur deuxième album à la Magalone. Le cadre est parfait. Une bastide de la fin du XVIIème siècle dans un parc ombragé, juste en face de la Cité Radieuse. Ce havre de paix accueille les musiques du duo de virtuoses Shadi Fathi et Bijan Chemirani, réunies au sein d’Âwât, leur deuxième album. Shadi Fathi et son setâr, un luth à trois cordes au manche long, Bijan et ses percussions (zarb, daf) ou son saz, un autre luth à manche long, dialoguent depuis quelques années déjà à Marseille. Tous deux ont été formés par de grands maîtres : Dariush Talaï à Téhéran pour Shadi Fathi qui est née en Iran, et Djamchid Chemirani à Marseille, son propre père qui a participé depuis il y a une cinquantaine d’années à faire connaître la musique et la poésie persanes à travers le monde. Shadi et Fathi se sont rencontrés à Marseille où ils vivent tous deux. Delâshena, premier opus paru en 2018, coup de cœur de l’Académie Charles Cros l’année suivante avait imposé ces pièces inspirées de la tradition, ces compositions sur lesquelles ils couchaient parfois des poèmes perses. Ce nouvel enregistrement disponible depuis fin mai, prolonge l’échange. Äwât (Grand Désir en kurde) lui donne plus de force encore, comme si la simplicité apparente de leur geste artistique, l’évidence de cet entrelac de rythmes et de mélodies, de silence et de mots nous offraient un instant de paix et d’espoir. Âwat, une radical ouverture au monde au monde qui nous entoure comme à celui qui nous constitue. Pour ce concert, le flutiste Sylvain Barou qui a particpé à l’enregistrement de l’album les rejoindra sur scène. (A 20h30, ouverture des portes : 19h30 à La Magalone — 245 bis bd Michelet — 13008 —C’est complet, évidemment.).
Jeudi 7 :
Zik Zac : Premier soir à fond la Zik ! Aix, la hautaine a réussi le pari de la gratuité 25 ans durant. Belle longévité pour un festival et surtout belle tenue pour une noble idée, celle d’une culture accessible à tous, sans bourse délier. Aix, ou plutôt le Jas de Bouffan et son Théâtre de Verdure accueillent, cette 25ème édition du festival aixois qui mieux qu’une boussole donne la “la” de la création en matière de musiques actuelles, ce fameux Zik Zac, comme un diapason indique le Nord; un Nord qui ne magnétise pas tout le long de l’axe de son aiguille bleuté, un Nord qui connait les racines de ses musiques et sait la force des rencontres, un Nord régénéré par l’autre plutôt que dégénéré tout seul. Ici, au cœur de cette ville dans la ville, sur et autour de ce gradin à ciel ouvert, de cette fosse presque naturelle, se rencontrent des artistes venus de toute part. L’évènement de cette ouverture, c’est évidemment le concert des Raoul Petite, une trubu qui depuis 43 ans retourne tout sur son passage. A leurs débuts, l’hexagone manquait de salles, cela ne les a empêchés de se produire partout, partout et tout le temps. C’est en presque voisins (ils sont d’Apt), qu’il viendront retourner l’arène du Jas de Bouffan. Rien ne devrait les arrêter. La présence à la même affiche du minot de Martinique Yaniss Odua (que 30 ans de carrière au service du dancehall); de Dizzy Brains, un combo Malgache de rockers tendance garage, du Badume’s band, des bretons fans de musique éthiopienne et tout particulièrement d’éthio-jazz qui partagent l’affiche avec la chanteuse né à Addis Abeba, Selamnesh Zéméné, stimulerait même nos vétérans. histoire de préparer la relève de ceux qui n’ont pas encore décidé de tirer leur révérence, Zik Zac programme ce soir deux groupes issus du dispositif “Jeunes Talents en Provence” : Myyora et Cymatic. (Dès 18h au Théâtre de Verdure du Jas de Bouffan — Aix-en-Pro’ — Gratuit.).
Vendredi 8 :
Zik Zac : Une deuxième soirée qui garde le cap ! Zik Zac voit large, voit grand large, au delà des terres et bien après les mers. Zic Zak croise aussi les époques, conviant les Toulousains Mouss et Hakim qui sont ici comme à la maison, une maison qui baladent sur leur dos, tel des escargots chanteurs. En effet, les frangins de Zebda, ces Darons de la Garonne selon le blase qu’ils endossent pour ce nouveau projet se sont vu offrir sur un plateau des textes inédits de Claude Nougaro, l’autre toulousain. Ce présent, ils l’ont accepté et mis en musique la main sur le cœur. On ne se refait pas, on ne les refait pas ! les Marseillais Petit tonnerre réinventent eux, les musiques trad du pourtour méditerranéen. Les pros parlent de néo-trad quand ces lauréats du dispositif Prenez votre Envol se se contentant de nous régaler en jouant des musiques populaires d’ici, d’à côté ou d’en face. Leur monde n’est qu’un palier où chacun se connait et se salue. Lucia de Carvalho, pourrait bien être une de leurs voisines. En tout cette idée fraternelle du palier lui va bien. Elle qui est née en Angola, a séjourné au Brésil et au Portugal avant de s’installer à Paris, avance un groove lusophone en adéquation avec l’esprit du festival : multiple et actuel. Formation initiée en 2014 et régulièrement réévaluée, en fonction des disponibilités de chacune, les Amazones d’Afrique réunit à l’été 2022, la Béninoise Fafa Ruffino, la burkinabé Kandy Guira, la Malienne Mamani Keïta et la Guinéenne Niariu Transe ancestrale, groove trad-moderne, beat électronique, tout est bon pour ces quatre Amazones, messagères des droits des femmes, ces 4 militantes qui se battent au quotidien pour un monde meilleur, plus égal et fraternel. Côté découvertes locales, Zik Zac convie sur scène Nali, dernier lauréat du tremplin hip-hop Buzz Booster et le duo au mic, le crew marseillais de musiciens et des MCs Rapapache. (Dès 18h au Théâtre de Verdure du Jas de Bouffan — Aix-en-Pro’ — Gratuit.).
Dub Station en mode festival. Indéniablement cet été, comme un peu tous les étés d’ailleurs, mais peut-être un peu plus celui-ci après deux années covidées, la mode est au festival. Pas étonnant donc que les Dub Stations passent elles aussi en mode Festival (18h-2h vendredi et samedi), d’autant plus qu’elles n’ont pas attendues 2022 pour tester le format, valider le plein-air, la chaleur, les étoiles et les grosses basses. Mariage réussi donc de tous ces ingrédients au Domaine de Fontblanche à Vitrolles où Musical Riot, les organisateurs du rendez-vous marseillais qui a fait des petits en France mais aussi au-delà de nos frontières, vont poser une nouvelle fois les systems-sons des sounds-systems invités, 20 ans après leur premier évènement. Un anniversaire qu’ils fêtent ce soir et demain convoquant dans ce magnfique parc pointures internationales (Aba-Shanti-I Iration Steppas) ou nationales (O.B.F., Blackboard Jungle, Invalved, Musically Mad, Melodub …), tout en gardant un œil et surtout une oreille voire deux sur les artistes d’ici (Jumping Lion, O.S.S.). En 20 ans, ils ont participé à former un public, mais aussi une scène, à donner un sens aux mots : Nation dub ! Au programme : Vendredi : le collectif rouennais Blackboard Sound-System qui possède son propre studio et donc son propre label, le londonien Aba Shanti. Samedi O.B.F. Sound-System avec en invité Sr Wilson et Junior Roy, suivi d’Iration Steppas, le duo de Leeds (Mark Iration et Dennis Rootikal), pionnier du novo-dub anglais au début des années 90. En debut d’après-midi, à 16h, en entrée libre, projection du film documentaire Ina Vanguard Style qui retrace les débuts du duo Iration Steppas. Il est diffusé en France via le label d’O.B.F., la boucle est bouclée, clée, clée, clée. La projection sera suivie d’une rencontre avec les artistes. Pour bien vivre ces deux jours, un camping est possible sur place et des buvettes, stand de nourriture et d’artisanat prévus. (Les 8 et 9 juillet de 18h à 2h —20 € par jour et 35 € le Pass 2 jours en prévente (hors frais de loc.) // 25 € par jour et 40 € le Pass 2 jours sur place.).
Samedi 9 :
Zik Zac, un dernier soir qui zigzague en Afrique et pas que ! Une dernière soirée très africaine pour cette 25èmeédition de Zik Zac, avec une ribambelle d’artistes du continent premier et les Montréalais de Brooks. Commençons donc par ceux qui pourraient tenir rôle de l’intrus du fait de leur géolocalisation, mais qui au regard de leur musique directement inspirée de la Great Black Music, celle des descendants d’esclaves africains, qui est arrivé par syncrétisme entre musiques des pays dont ils ont été arrachés et celles de leurs « maîtres », à imposer une empreinte, un son qui déroule ses répertoires depuis plusieurs générations. Ils ont toute leur place à côté de la star malienne Ami Yerewolo qui viendra défendre Ay, son troisième album paru l’an dernier, de l’icône du hip-hop queer sud-africain, la très militante Dope Saint Jude, du bluesman africain Tchalé ou du projet du DJ tchadien Afrotonix installé à Montréal. « La boucle est bouclée » comme dirait un beatmaker de mes amis. Cette dernière soirée du Zik Zac zigzague à Aix, d’Afrique au Canada, sans perdre le cap ! « La boucle est bouclée » répèterais-je à l’infini. (Dès 18h au Théâtre de Verdure du Jas de Bouffan — Aix-en-Pro’ — Gratuit.).
Dub Station en mode festival. Indéniablement cet été, comme un peu tous les étés d’ailleurs, mais peut-être un peu plus celui-ci après deux années covidées, la mode est au festival. Pas étonnant donc que les Dub Stations passent elles aussi en mode Festival (18h-2h vendredi et samedi), d’autant plus qu’elles n’ont pas attendues 2022 pour tester le format, valider le plein-air, la chaleur, les étoiles et les grosses basses. Mariage réussi donc de tous ces ingrédients au Domaine de Fontblanche à Vitrolles où Musical Riot, les organisateurs du rendez-vous marseillais qui a fait des petits en France mais aussi au-delà de nos frontières, vont poser une nouvelle fois les systems-sons des sounds-systems invités, 20 ans après leur premier évènement. Un anniversaire qu’ils fêtent ce soir et demain convoquant dans ce magnfique parc pointures internationales (Aba-Shanti-I Iration Steppas) ou nationales (O.B.F., Blackboard Jungle, Invalved, Musically Mad, Melodub …), tout en gardant un œil et surtout une oreille voire deux sur les artistes d’ici (Jumping Lion, O.S.S.). En 20 ans, ils ont participé à former un public, mais aussi une scène, à donner un sens aux mots : Nation dub ! Au programme de ce deuxième et dernier soir : O.B.F. Sound-System avec en invité Sr Wilson et Junior Roy, suivi d’Iration Steppas, le duo de Leeds (Mark Iration et Dennis Rootikal), pionnier du novo-dub anglais au début des années 90. En debut d’après-midi, à 16h, en entrée libre, projection du film documentaire Ina Vanguard Style qui retrace les débuts du duo Iration Steppas. Il est diffusé en France via le label d’O.B.F., la boucle est bouclée, clée, clée, clée. La projection sera suivie d’une rencontre avec les artistes. Pour bien vivre ces deux jours, un camping est possible sur place et des buvettes, stand de nourriture et d’artisanat prévus. (Les 8 et 9 juillet de 18h à 2h —20 € par jour et 35 € le Pass 2 jours en prévente (hors frais de loc.) // 25 € par jour et 40 € le Pass 2 jours sur place.).
Dimanche 10 :
Gil Aniorte & l’AfroRumba Club, première sortie. Première sortie ou presque devrais-je écrire car bien sûr, il y eut un premier concert à Marseille, une sortie de résidence hivernale dans un quartier excentré un dimanche après-midi ; lors de laquelle s’entrouvrit une première fois, cette nouvelle porte entre les continents marseillais et africains. Englobé alors sous l’appellation Marseille en Afrique, cet embryon de projet porté par les structures Indalo (Marseille) et Afrika Consult (Dakar) et cristallisé autour de Gil Aniorte, deviendra quelques mois plus tard : Gil Aniorte et l’AfroRumbaClub. Cette formation réunit ce soir à l’invitation du festival Marseille Jazz des 5 Continents dans la cour de la Vieille Charité, des membres de Radio Babel (Fred Camprasse, Willy Le Corre, Mehdi Laïfaoui) et des Dames de la Joliette (Nadia Tighidet), deux transmetteurs marseillais multi-linguales en orbite autour du compositeur, guitariste et chanteur, mais aussi trois chanteuses (Koudy Fagbemi, Tyrane Mondeny, Geneviève Matibeyé) du quintet vocal Ouest africain WOP d’Afrique, le flûtiste varois Christophe del Sasso, le bassiste marseillais Bernard Menu, le saxophoniste Raphaël Illes, le trompettiste Michèle Feugère et quelques néo-provençaux : le joueur burkinabé de kora Salif Diarra, les Cubains Yoandy San Martin (batterie), Quirino Guevara (sax), le Californien Michael Steinman (sax). D’aller en retour entre ici et là-bas, de va en vient entre Marseille et Dakar, de ping en pong s’est construit un répertoire inspiré de la rumba catalane chère à Gil Aniorte, une rumba qui n’oublie jamais que c’est lors de rencontres exogènes qu’elle s’épanouit au mieux. C’est donc en Afrique de l’Ouest qu’elle retrouve les chemins empruntés il y a quelques décennies pas les musiques cubaines, dans une sorte de retour aux sources, de chassé-croisé. Elle taquinera même sur un titre au moins sa sœurette congolaise. Rumbas de tous pays réveillez-vous et faites-nous dansez ! Attention ce concert dans la cour de la Vieille Charité, à l’invitation du Marseille Jazz des 5 Continents est assis. Il se pourrait bien qu’il ne le reste pas ! (A 17h à la Vieille Charité — 2 rue de la Charité — 13002 — Gratuit dans la limite des places assises disponibles.).