Le film de Terry Gilliam qui risquerait, toutefois, de voir sa sortie encore repoussée…
Terry Gilliam (le Monty Python réalisateur de Brazil ou de L’armée de douze singes) finira-t-il, enfin, par sortir son adaptation de Don Quichotte, envisagée depuis une vingtaine d’années ? Ces derniers jours, un trailer annonçant l’arrivée prochaine du film a en tout cas été dévoilé, un trailer qui laisse envisager une réécriture largement décalée du héros pensé par l’Espagnol Miguel de Cervantes au XVIIe siècle, puisqu’il semblerait que le protagoniste central du film – incarné par l’acteur Jonathan Pryce – ne soit pas réellement Don Quichotte, mais un type qui serait persuadé, au XXIe siècle, d’en être une sorte de réincarnation…
La malédiction Don Quichotte
Dans ce trailer, et les mélomanes n’auront pas loupé l’info, on retrouve quelques-uns des plans (avec des acteurs différents, bien sûr) qui avaient été inclus, en 2002, dans le documentaire Lost in la Mancha, qui racontait le véritable naufrage (sens propre et figuré) qui avait accompagné la première tentative de réaliser le film. C’était alors le Français Jean Rochefort (raconté récemment aux Éditions Nova), grand passionné de chevaux et lui-même excellent cavalier, qui devait incarner le rôle de Don Quichotte, un rôle qui devait, sans doute, s’avérer être l’un des plus importants de sa vie…
Mais c’est là que les soucis, alors et dans le désert espagnol, commencèrent vraiment, même si beaucoup considéraient, dès la réflexion entourant la production, que le film était dans tous les cas beaucoup trop ambitieux. Rochefort ne le sait pas encore, et le découvrira lorsqu’il s’agira d’incarner pour la première fois le héros cavalier à l’écran, c’est à cette époque que se déclenche chez lui une hernie discale, maladie dorsale qui l’empêchera désormais de monter à cheval, et ce jusqu’à la fin de ces jours…Rochefort, qui devait partager l’affiche avec Johny Depp (alors au sommet de sa carrière) et Vanessa Paradis, est naturellement contraint de renoncer au rôle. Et ralentit déjà un processus qui s’enlisera très vite.
Le lieu du tournage s’avère être à proximité d’une base aérienne militaire (avec le bruit des avions de chasse en conséquence), un orage terrible (rarissime dans la région) emporte une partie du matériel, les volontés du réalisateur ne sont pas du tout conformes au budget initial et à ce qu’il est très concrètement possible de faire, l’équipe technique change en cours de route, et l’ambiance s’en ressent forcément…Une malédiction surréaliste racontée dans ce documentaire devenu culte et qu’on mentionnait, Lost in la Mancha, un film que l’on montre désormais en école de cinéma, afin de dire aux générations de demain « voilà ce qui peut vous arriver de pire lors de la réalisation de votre film »…
Plusieurs autres tentatives de réaliser ce film suivront, toutes ponctuées par des échecs cuisants. Dernier épisode en date, le différent qui oppose le très caractériel Terry Gilliam à l’excentrique producteur Paul Branco – qui avait accepté de financer le film, avant de se rétracter -, procès dont le jugement sera rendu mi-juin.
Malédiction rompue ?
En attendant le verdict, qui pourrait retarder une nouvelle fois le film dans lequel apparaîtra, en plus de Jonathan Pryce, Adam Driver, Olga Kurylenko, Stellan Skarsgård et Joana Ribeiro, matons ce trailer axé autour d’un leitmotiv – « Certains disent que je suis fou, que je suis seulement habité par mes illusions : mon nom est Don Quichotte » – qui concerne le cavalier de la Mancha, mais qui pourrait tout aussi bien, on a pigé le message, concerner un Terry Gilliam dont on souhaite franchement, par pure humanité, qu’il puisse enfin venir à bout de ce boulet qu’il traine lourdement depuis quasiment vingt ans…
Visuel : (c) capture d’écran Youtube