À Saint-Malo ce week-end, se déroulait la trentième édition de La Route du Rock. Des plages au pied des remparts de la ville, jusqu’au Fort Saint-Père (édifice Vauban du XVIIIe siècle), le festival breton réunit la scène rock indé dans toute sa diversité. Un lieu de pèlerinage avec encore une fois une programmation forte, reconnue par les festivaliers et les artistes de la scène !
La Route du Rock, c’est un festival qui a une âme de rockeurs rennais. À la fin des années 80’, avec leur association Rock Tympans (basée à Rennes), les fondateurs du festival sont impliqués dans la création de la fameuse radio rock de la ville Canal B. En 1994, quelques années après la création du festival à Saint-Malo, le projet est poussé par Bernard Lenoir. L’animateur radio souhaite enregistrer des concerts « indie » l’été, pour les retransmettre sur son émission « C’est Lenoir » sur France Inter. C’est le début d’un festival qui deviendra un événement incontournable pour tout amateur de Rock.
The Spirit of Rock
Cette année, parmi les vétérans du rock, l’iconique photographe rennais Richard Dumas proposait dans le cadre du festival l’exposition 36 shots. Trente-six portraits (comme le nombre de poses d’un argentique) avec quelques-uns de ses clichés les plus mythiques : Miles Davis, Keith Richards, Patti Smith, Nick Cave ou encore son ami, rennais lui aussi, Etienne Daho.
Le festival préféré de Baxter Dury (et le vôtre ?)
Le festival a ses habitués de la scène indépendante : les Limiñanas qui revenaient cette année après leur concert en 2018, ou le ponte du garage californien Ty Segall qui, lui, avait joué la dernière fois ici avec son projet FUZZ.
Avec Baxter Dury aussi, c’est une histoire de longue date. En 2006, lors de l’édition hiver du festival, le dandy britannique jouait l’un de ses premiers concerts en France. “À chaque fois qu’il sort un disque, nous le programmons” nous raconte Alban Coutoux, directeur artistique du festival. “Avec Dominique A, c’est l’un des artistes que l’on programme le plus. Il a dû venir jouer cinq ou six fois”. Lorsque le fils de Ian Dury a annoncé qu’il ferait un de ses seuls concerts à La Route du Rock cette année, il a décrit le festival comme l’un de ses préférés.
Dans le genre belles histoires entre le festival et ses artistes, on se souvient aussi du chanteur de Phoenix qui, en 2018 au Fort Saint-Père et tout juste avant de jouer « Playground Love” » racontait au public avoir embrassé une fille à La Route du Rock quand il était encore un jeune festivalier.
Sur le site du festival, près du Merchandising, les disquaires de Balades Sonores ont leur stand depuis plusieurs années. Ils sont venus avec une vieille voiture américaine, une Pacer D/L où certains groupes de la soirée viennent dédicacer des disques à l’avant de la voiture.
La très excitante (et anti Brexit) scène indie anglaise
Niveau programmation, l’édition du festival, comme chaque année, s’est montrée très alerte sur les nouveaux groupes : Wet Leg, Yard Act, Ditz et Geese et d’autres présentaient leur premier album sur scène. On remarque particulièrement la présence des artistes anglais cette année. Plutôt logique quand il est question de rock.
Parmi ces groupes britanniques attendus : Wet Leg, Working Men’s Club, Vanishing Twin ou Fontaine D.C. (from Dublin, pour leur part) feront des passages remarqués ! Le groupe de Bristol, Beak> a réussi à faire planer le public du Fort Saint-Père, et avec un des fondateurs de Portishead (Geoff Barrow) derrière la batterie, rien d’étonnant ! Le groupe a scandé avec le public des jouissifs “fuck Brexit” et sur un tom de la batterie, on pouvait apercevoir l’inscription “Boris Johnson raciste”.
Dans le genre British qui veulent en découdre, le groupe londonien Fat White Family est venu remplacer avec brio l’annulation de King Gizzard & The Lizard Wizard (contraint d’annuler leur tournée européenne). Le chanteur Lias Saoudi est arrivé sur scène en short collant, TRÈS moulant, et se jettera dès le premier morceau dans le public. Un concert génialement chaotique façon Sex Pistols ou The Cramps.
Sur la plage, dans le sable… des concerts et du sport !
Depuis 20 ans, La Route du Rock propose des concerts gratuits sur la plage de Bon-Secours, aux pieds des remparts de la cité corsaire. Cette année, les festivaliers ont pu écouter, les pieds dans le sable : la harpiste américaine Mary Lattimore, le girl band Espagnol Melenas, ou encore le rock psychédélique de Tess Parks. Sur ce lieu envoûtant, le festival se permet une programmation différente. En 2015, on avait par exemple pu y découvrir Flavien Berger. Peu connu à l’époque, c’est sa sœur qui avait envoyé les deux premiers maxis de son frère aux programmateurs du festival.
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“Sports Are Not Dead” !
Sur la plage de l’Éventail le samedi après-midi, le festival propose des tournois de Foot, de balle au prisonnier et une initiation au touch rugby (sans plaquage)… Le sport national d’Ille-et-Vilaine c’est le palet breton, il a, lui aussi, son tournoi sur la plage, avec l’association Rennaise La P’tite Planche qui organise des événements et tournois de palet entre Rennes, Nantes et Paris.
La Route du Rock, du haut de sa trentième édition, prouve encore une fois que la scène indie rock foisonne de groupes tous excitants les uns que les autres. Et grâce au cadre qu’offre la ville de Saint-Malo, entre la mer, ses plages et le fort Saint-Père, le festival laisse à son public des souvenirs de vacances pas comme les autres…