La rencontre sonore avec Astéreotypie se vit comme une claque. On est immédiatement conquis (et interloqué) par les paroles, qui donnent des titres incongrus comme “Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la drome” merveilleusement magnifiés par la tapisserie de punk rock qui enrobe le tout.
Une claque, c’est exactement ce qu’a ressenti la réalisatrice Lætitia Møller quand elle découvre le collectif en 2015 à un concert. Elle décide de suivre les Astéreotypie dans leurs aventures, enchaînant répétitions et concerts comme le font tous les groupes. Sauf que les Astéreotypie ont tout de même une particularité, tous les interprètes, qui chantent, déclament et écrivent les textes, sont diagnostiqués autistes.
Lætitia passe deux années proche de la troupe avant d’entamer la réalisation de ce documentaire. Il fallait le temps d’établir une relation de confiance avec les membres du projet. “J’avais envie de raconter quelque chose de plus large que le groupe à travers cette histoire-là. Comment ? Comment perçoit-on ces jeunes ? Comment on trouve la frontière entre la création, la folie, l’ineptie, la poésie ?”
De création à expression
Le récit se construit par des allers-retour entre les moments de création, ou l’on voit les membres du groupe écrire, répéter et parfois buter sur des embûches, et les moments de restitution. Ce documentaire s’articule entre des moments forts de concerts et des captations plus intimistes des répétitions. “Il y avait cette volonté de travailler sur un mouvement entre la puissance et la fragilité.”
Lætitia Møller façonne donc son documentaire autour de “ce mouvement de va-et-vient entre la grande énergie brute qui se livre au public et l’équilibre fragile qui fait qu’à tout moment, les choses peuvent basculer parce que certaines angoisses et certains fonctionnements sont liés à l’autisme.”
Cette mise en valeur de la fragilité de l’équilibre permet la mise en lumière de contrariétés qui s’estompent lors des lives. La scène devient pour Astéreotypie “un lieu, un peu de transcendance. Il y a quelque chose de l’ordre de l’Épiphanie sur cette scène, quelque chose où toutes les difficultés sont un peu transcendées pour avoir un moment d’expression très fort.”
L’énergie positive des dieux
Au centre du film, la relation entre Christophe L’Huillier (guitariste du groupe) et les autres membres du collectif. Le guitariste les accompagne dans la création, joue le rôle de médiateur et aide le groupe à naviguer à travers les crises qui adviennent en répétition.
La caméra de Laetitia Møller ne s’attarde pas sur les éléments extérieurs au temps de création en groupe, éléments que l’on ne fait que deviner (le cadre médical, les institutions de santé impliquées). Le film ne fait pas le choix du reportage qui répondrait à toutes les questions qui viennent à son audience, mais emprunte plutôt la voie d’un documentaire laissant quelques interrogations en suspens.
L’énergie positive des dieux sortira en salle le 14 septembre prochain, des avant-premières sont prévues à Paris (8/9), Bordeaux et Marseille. L’album d’Astéreotypie est toujours disponible en écoute sur les plateformes de streaming. Si vous ressemblez à Brad Pitt et que vous habitez dans la Drôme, envoyez-nous un mail (photo à l’appui) à monde@radionova.com et on transmettra.
Un texte issu de C’est Bola vie, la chronique hebdomadaire (lundi au vendredi, 8h45) de David Bola dans Un Nova jour se lève.