Actualité, témoignages, tribunes… Un site d’info alimenté uniquement par des contributeurs réfugiés.
Ça se prononce comme les Fugees. « C’est un peu un hommage d’ailleurs », nous explique Nassim Sari, co-fondateur de Mediafugees, un site d’info tout neuf qui ne publie que des plumes exilées. « Fugees c’est un mot d’argot anglais pour “refugees”, et le groupe s’est appelé comme ça parce que l’un d’entre eux était un réfugié haïtien. »
Considérations musicales mises à part, c’est le débat social que veut faire bouger Mediafugees. Ses deux co-fondateurs, Nassim Sari et Camille Teste, basée à Montréal, se sont rencontrés sur les bancs de Sciences Po. « Il y a longtemps qu’on voulait monter un projet ensemble, mais on voulait qu’il ait un réel impact social », raconte Nassim. L’idée d’un média alimenté par des journalistes réfugiés ou exilés nait au détour d’une conversation : « On a pensé ce projet en constatant une disproportion entre la place que prend la question des migrations dans l’espace médiatique et le temps de parole donné aux personnes concernées. On entend rarement leurs expériences, leur analyse sur ce qu’il se passe. »
« On s’est rendu compte qu’il y avait énormément de journalistes réfugiés »
Mediafugees sort tout juste de l’oeuf. Lancé le 18 avril, il fêtait ses 100 premiers abonnés sur Twitter il y a deux jours. Une petite communauté de contributeurs, journalistes de formation ou non, a déjà commencé à se construire autour de cette nouvelle plateforme qui compte déjà une dizaine d’articles, disponibles en anglais et en français.
??? On est hyper fier·e·s d’avoir nos 100 premiers followers !!! ??? #MEDIAFUGEES est une toute petite communauté aujourd’hui, aidez-nous à la faire grandir ! Retweetez, partagez… Portons la voix des héro·ine·s du 21ème siècle. ??? pic.twitter.com/7TS0V3hNvF
— MEDIAFUGEES (@mediafugees) April 25, 2018
De l’actu, des témoignages, mais aussi des tribunes et une rubrique « Expression », car « on ne veut pas obliger nos journalistes à ne parler que d’exil. On cherche aussi à leur donner de la liberté », explique Nassim Sari. « Par exemple, l’une de nos prochaines contributions traitera des nouveaux mouvements afroféministes. »
Les projets sont nombreux : pourquoi ne pas publier une édition papier, ou même créer une émission de radio, dans la lignée de Radio Asfar ou Stalingrad Connection dont on vous parlait récemment. « On s’est rendu compte qu’il y avait énormément de journalistes réfugiés, donc trouver des contributeurs ne devrait pas poser de problèmes », se projette Nassim Sari, qui s’enthousiasme à l’idée d’un partenariat avec la Maison des journalistes, une structure qui accueille des journalistes exilés. Mais pour l’instant, pour cette association toute neuve qui tient à rémunérer ses contributeurs, il s’agit surtout de trouver des financements pour continuer. « Les mécènes et fondations que nous avons contactés attendent de voir ce que donne le projet », explique Nassim. « Pour l’instant, on fonctionne avec ce qu’on a appelé la “love money”. En gros, ce que nous ont donné nos familles », rit-il.
En attendant, on peut déjà lire sur Mediafugees la première partie du récit de Mohamed Al Lami, qui a fui Baghdad pour la Belgique, une analyse des expulsions menées en Grèce, ou encore l’histoire de la page Facebook Humans of Refuge. Créée en Indonésie, elle s’inspire du fameux compte Humans of New York pour raconter les histoires de personnes réfugiées.