Vous préférez Messi à Cristiano Ronaldo ? Vous n’avez jamais lu les Lusiades ? Les pasteis de nata vous laissent de marbre ? Qu’importe ! Venez quand même, le FRAC Nouvelle-Aquitaine, insoucieux de ces questions, vous convie à ses Péninsules Démarrées ; une expression piochée chez Rimbaud qui englobe ces semaines placées sous les couleurs vertes et rouge du pavillon à la sphère armillaire.
C’est qu’on tient là l’un des temps forts de cette Saison France-Portugal où les coqs (gaulois et de Barcelos) ne se voleront pas dans les plumes ; bien au contraire, elle est taillée sur mesure pour mettre en valeur l’histoire, l’éclat, la vivacité du plus vieil État-nation d’Europe, dont les frontières terrestres sont immuables depuis 1297. Mais c’est en s’intéressant à des choses plus actuelles, des artistes plus contemporain.es que l’exposition, par le prisme de la commissaire Anne Bonnin, élaborera son parcours – des années 1960 jusqu’à aujourd’hui.
Suivant la même logique que Mémoria : récits d’une autre histoire qui avait investi le même lieu il y a bientôt trois ans de ça, Les Péninsules Démarrées confronte, juxtapose, relie générations et horizons, points de vue et pratiques artistiques afin d’élaborer une cartographie lusitanienne des courants, des territoires créatifs et réflexifs, des filiations spirituelles existantes ou qu’il serait judicieux d’esquisser, d’une pièce à l’autre, d’une installation, d’une performance, d’une illustration à l’autre.
Sur ce portulan artistique, ici ne sont pas des dragons (comme il était indiqué parfois sur les zones géographiques nimbées d’inconnu) mais ici sont présentes les abstractions lyriques et polychromes de René Bertholo, les impressionnantes compositions du muraliste mozambicain (alors sous férule portugaise) Malanganata, les camouflages symbolistes de Maria José Aguiar ou les insaisissables activités multimédias du duo Van Calhau!. Mais aussi les installations néo-concrètes, tendues entre poésie artisanale et architecture rationaliste, placées in situ par Leonor Antunes, les collections touche-à-tout et les explorations protéiformes de la Lisboète Ana Jotta ou encore l’expressionnisme mystique et frémissant d’un Jorge Queiroz.
Et je n’ai pas évoqué ici, non la moitié, mais le quart de tout ce que vous pourrez voir à la Méca lors de cette exposition collective rassemblant pas moins d’une trentaine d’artistes, souvent méconnu.es en France, parfois même jamais exposé.es dans l’Hexagone jusqu’alors ; autant d’oeuvres à découvrir, à admirer, à fouiller du regard et de la pensée. Curieux.se comme pas deux, on ne doute pas une seconde que vous ne manquerez pas de le faire, le regard porté vers ces péninsules étonnantes.
Les Péninsules Démarrées @ FRAC Nouvelle-Aquitaine (Bordeaux). Entrée à prix libre.
