Jeudi 15 :
L’Atelier des Artistes en Exil fait son cinéma. A l’Église Saint-Théodore. L’Atelier des Artistes en Exil, structure d’aide aux artistes qui ont été contraints de quitter leur pays, propose ce soir un repas à prix libre suivi d’une projection de films réalisés par des cinéastes de l’Atelier. Deux d’entre eux, Ali Zar et Samer Salameh seront présent et échangeront avec le public après les projections. (Dès 18h30 pour ce qui est du repas, à 20h pour les projections à l’Eglise Saint-Théodore — 1, rue des Dominicaines — 13001 — Entrée et participation libres.).
Constellations, le rendez-vous danse et musique à Toulon. Constellations est un rendez-vous dense et intense proposé par de la compagnie Kubilai Khan Investigations. Dans plusieurs lieux à Toulon (Cercle Naval, Liberté Scène Nationale, Tour Royale, L’Amarre) se croiseront jusqu’à dimanche, chorégraphes, danseurs, musiciens et public autour d’une programmation up-to-date totalement gratuite concoctée par Frank Micheletti, co-fondateur et directeur artistique de la compagnie. Au menu : spectacles de danse et DJ-sets quotidiens par des artistes en devenir, de ceux qui initieront les créations phares de demain ; mais aussi ateliers, conférences flottantes, conversations en bord de mer et rencontres professionnelles. Tout le détail de la prog est ici. Au menu, ce soir : 3, spectacle de la Cie 7273 (19h), Welcome du danseur et chorégraphe Joachim Maudet (21h) et un DJ-set de DJ Dom (22h), un amoureux des musiques brésiliennes et sud-américaines qui a diggé ses rondelles lors de séjours au Brésil. (Dès 19h au Cercle Naval —29, Avenue Jean Moulin —Toulon – Entrée libre.).
Vendredi 16 :
Constellations, Jour 2. Pour les pros, tout démarre à 16h au Liberté, Scène Nationale avec des rencontres qui porte bien leur nom, celui de rencontres pros. Pour les amateurs, public lambda et curieux attiré par un faisceau de lumière sur le tapis de sol noir comme un tas de charbon passé au rouleau compresseur, trois spectacles et un DJ-set. A 19h, rendez-vous au Parking Vinci Q Park sous la place de la Liberté pour Demonios na cabeça de la Cie Kubilai Investigation, organisatrice de la manifestation. Glamour, non ? Ce court spectacle 20mn dans un cadre inattendu annonce complet. A 20h, retour upstair au Liberté, Scène Natio’ qu’il faut être pour Dos proposé par le Collectif Delgado Fuchs. Sur scène un binôme, deux hommes qui comme souvent avec les spectacles du collectif fondé il y a tout juste vingt ans par Nadine Fuchs et Marco Delgado, « jouent sur le registre de l’équivoque » comme nous le rappellent le doss’ de presse. Chez Delgado Fuchs, on aime les transgressions, le brouillage de pistes et le dynamitage des frontières artistiques. A 21h, toujours au Liberté, on enchaine avec Jour Futur, un spectacle pour quatre danseurs qui redonne vie sur un parterre blanc à l’album Future Days de CAN, les parrains du krautrock. Cet album visionnaire annonçait déjà à l’aube du libéralisme triomphant, les crises que nous vivons aujourd’hui. Le DJ-set dans le Halldu Liberté est auto-confié à Yaguara, blaze de platine, blaze aux platines du chorégraphe de la compagnie organisatrice et DA de la manifestation. Yaguara dessine au fil de son mix un dancefloor planétaire, sans frontière ni barrière rythmique. Ensemble dans la danse ! (Tout le détail de la prog est ici. Parking et Liberté, Scène Nationale — Place de la Liberté — Toulon — Gratuit comme toujours avec Constellations, sauf qu’au Liberté, il faut impérativement réserver ici étonnant non ?)
Métonymie, l’expo collective des artistes du couvent. Cet ancien couvent des Sœurs Victimes du Sacré-Cœur de Jésus (rien que ça) est devenu une ruche d’artistes, un parc au saint, euh un parc au sein du quartier de la Belle de Mai, qui tète le gaz carbo de la cité de Phocée et un des espaces de fête de nos étés. Quand les nuits rallongent, les artistes s’exposent. Le cru 2022 s’intitule Métonymie. Pour un des dicos en ligne consultés, métonymie est un nom féminin singulier. C’est une « figure rhétorique par laquelle un concept est désigné par le nom d’un autre concept qui lui est relié par une relation nécessaire » glisse mon dico de réf’ avant d’ajouter le plus innocemment du monde, en exemple « boire un verre ». Pas de doute, le monde numérique va plus vite que nous. Car quel exemple plus en phase avec notre propos du jour, avec ce vernissage que « boire un verre », ce à quoi aucun de nous ne s’aventurera, si ce n’était une métonymie. là, on n’hésitera pas. La boucle est bouclée. On vient pour contempler les œuvres d’un des artistes (V. du Flonflon, L’oeuf au plat, Mélissa Streicher, Uplightdown, Takeshi Jonoo, Sourav Chatterjee, Sarah Dorival… pour n’en citer que quelques-uns) et on se laisse aller à découvrir l’ensemble des œuvres exposées, à rencontrer les créateurs présent sur leur lieu de travail. (Du 16 au 25 septembre. Vernissage aujourd’hui dès 17h et jusqu’à 22h au Couvent Levat — 52, rue Levat — 13003 — Entrée libre.).
Meryem Koufi et Rafaël Pradal rendent hommage aux poétesses hispanophones des années 1920, au Jardin Benedetti. On est au début du premier confinement, au printemps 2020, quand Meryem Koufi et Rafaël Pradal profitent de cette pause contrainte et forcée pour se pencher sur les textes de femmes, des poétesses progressistes et souvent anticléricales (Joséfina de la Torre, Carmen Conde, Concha Mendez) qui, dans les années 1920, ont constitué à l’instar d’un Garcia Lorca, l’avant garde artistique dans la péninsule ibérique, républicaine et pré-franquiste ou comme , Alfonsina Storni en Amérique du Sud. Mis en musique par la chanteuse arabo-andalouse passionnée de Cante Jondo, ces poèmes ont été et arrangés par son guitariste. C’est donc ensemble, Meryem Koufi au chant et Rafaël Pradal à la guitare qu’on les découvrira dans le jardin Benedetti, non loin de la Corniche (et de l’Hôtel Peron). Ils seront à nouveau tous deux le 2 octobre au PIC et un peu moins de trois semaines plus tard, le 21 à la Maison du Chant, à l’occasion du Festival de Vives Voix, autour du même répertoire, mais en piano-voix ces fois-ci. On en reparle. (En attendant, ce soir c’est à 18h au Jardin Benedetti, dans le cadre de l’Eté Marseillais qui touche à sa fin — 13007 — Entrée libre.).
Labess au Makeda. Bercé dès sa plus tendre enfance par le chaabi, la musique populaire algérienne, Labess, un pseudo qui veut dire« ça va » en arabe, Labess n’a jamais su et voulu se défaire de cet ancrage. A 18 ans quand il arrive au Canada, c’est en interprétant les airs de ce répertoire qu’il gagne sa vie au coin des rues aux beaux jours et dans les couloirs du métro le reste du temps. Forcément, le musicien fait des rencontres, rencontres humaines et musicales. Son chaabi épouse alors d’autres musiques comme le flamenco, les musiques d’Afrique de l’Ouest, la rumba catalane. C’est au cœur de ce creuset qu’il compose depuis bientôt une décennie, son propre répertoire. (A 20h au Makeda — 103, rue Ferrari — 13005 — De 15 à 18 €.).
Claude Sérieux est à la Dame du Mont et ce n’est pas une blague ! Dans un CV en bonne et due forme, on glisserait « directeur artistique et sound-designer » pour tracer, retracer la route de Claude Sérieux ; mais ici, on préfère écrire que Claude Sérieux est un mille pattes. Oui, un mille-pattes ! Un pied dans la musique, voire deux pour gérer platines et mixettes, un autre pour son label, un dans la mode, un dans l’évènementiel, ce qui forcément en glisse une paire ou deux dans la nuit et surtout tant d’autres dans la vie. Claude Sérieux est un mille-pattes heureux qui ne se prend jamais les pieds dans le tapis. Un mille pattes qui bat nonchalamment la mesure, l’air de ne pas y toucher, avec un flegme rare, « décontracté du gland » comme disait Depardieu au volant d’une DS dans les années 70, donc forcément jeune, à Dewaere qui n’a lui jamais vieilli. Claude Sérieux est DJ, pas de ceux nés de la dernière pluie, une clé USB entre les dents, Claude Sérieux est un DJ dont le CV, un CV de mille-pattes, est long comme sa discothèque. Faut dire que sa première galette de cire, Claude l’a achetée à l’âge de 11 ans et que depuis il n’a pas arrêté. Son âge ? On s’en moque, sinon j’aurai copié son CV, un CV en bonne et due forme. On sait juste que le déménagement dans la cité phocéenne de cet expert en groove worldwide qui fut un temps manager d’un groupe punk et co-fondateur du collectif parisien Rokerz ne s’est pas fait en deux deux. Pour info, Rokerz réunissait des activistes des labels Comet et d’Ya Basta, du Shop, d’Inkorrect … et Claude Sérieux. Claude Sérieux est curieux. Si tu l’es aussi, fonce à La Dam’, il a du bon son pour toi. (Dès 21h à la Dame du Mont —30, place Notre Dame du Mont — 13006 — Entrée libre.).
Samedi 17 :
Constellations est à la Tour Royale, c’est de saison parait-il. C’est samedi, Constellations et tout démarre par pour Constellations et son lâcher d’étoiles par un atelier, un workshop comme on dit outre-Manche quand les Britaniques ne sont pas occupé à rendre hommage à leur défunte Queen, un atelier mené par le danseur, chorégraphe, DJ et producteur ougandais Faizal Mostrixx, membre du collectif Nyege Nyege. Le collectif qui donne le la et le reste de la gamme aux arts urbains africains, car ici on ne parle pas juste musique, danse, arts graphiques mais aussi arts de vivre et même positionnement dans le monde. Quant au griot ougandais Faizal Mostrixx, on le retrouvera pour un live suivi d’un DJ-set en fin de soirée pour une mise en application festive – direct sur le dancefloor — de ses “enseignements”. Une dizaine de spectacles, de piéces courtes pour un ou deux danseurs (Julie Coutant, Cassiel Gaube, Leïla Ka, Sarah Cernaux, Amala Dianor…) sont programmées dans l’après-midi et en debut de soirée avec l’embrasement Mostrixx. (Dès 11h à la Tour Royale — av de la Tour Royale — Toulon — Entrée libre, pour l’atelier inscription obligatoire par mail à festivalconstellationskki@gmail.com.).
Claude McKay, de Harlem à Marseille au Site Archéologique du Port Antique. Diffusé la première fois, il y a tout juste un peu plus d’un an au Théâtre Silvain, Claude McKay, de Harlem à Marseille, le film de Matthieu Verdeuil est à nouveau projeté à Marseille au plus du quartier de la Fosse où se déroule Banjo, le roman qui l’a fait connaitre et aimer. C’est donc sur le au site archéologique du Port antique, dans les espaces extérieurs du Musée d’Histoire de Marseille que nous repartirons en images sur les traces de ce romancier noir américain, né en Jamaïque et figure du Harlem Renaissance, le mouvement littéraire américain. Celui qui fut un temps docker, sympathisant communiste passé par l’URSS, a épousé tous les grands combats qui ont secoué le début du siècle dernier et continué de questionner notre monde. A l’issue de la projection, un échange avec le réalisateur ainsi qu’une lecture de texte du romancier par le musicien et conteur Lamine Diagne sont prévus. A voir ou à revoir, quelques mois après la parution d’un autre de ses romans Retour à Harlem (Nada Editions). (Projections à 20h15, ouverture des portes à 19h au Musée d’Histoire de Marseille — 2, rue Henri Barbusse — 13001 — Entrée libre dans la limite des places disponibles.)
Option gros son pour Guts et le Mobylette Sound-System au 6MIC à l’occasion de la deuxième soirée Pili Pili. #Inédit. Pour ceux qui ont séché le cours de géographie, il est bon de rappeler que la Jamaïque est une des îles de la Caraïbe et que la mer n’est pas un mur mais un trait d’union. Togetha brotha ! Si chacune de ces îles éparpillées aux creux des trois Amérique a ses spécificités, son histoire, son créole, donc son propre grand mix, elles partagent toutes au delà du métissage de leurs populations qu’ils soit plus ou moins marqué au fer rouge de l’esclavage , des climats, des lumières et des influences. Rien d’étonnant donc dans la proposition de Musical Riot, l’organisateur des Dub Stations, qui réunit ce vendredi au 6MIC, le producteur Guts et le Massilia Hi-Fi. Le premier s’apprête à publier le 21 octobre prochain Estrellas, un bien nommé prochain album aux grooves afro-latins irrésistibles. Quant aux seconds, ils affinent depuis une décennie tel des fromagers dans leur cave, leur système son, en réglent la carburation tel des mécanos de formule 1, et équilibrent basses, médiums et aigus en bons fans de reggae et de dub. Cette culture du son n’est forcément pas étrangère au producteur qui devrait ainsi pouvoir faire résonner ces tracks comme jamais. En début de soirée, les Marseillais du Mobylette Sound-System auront eux aussi l’occasion de faire pétarader leur mix sur le même système son. (Dès 21h30 au 6MIC – 160, rue Pascal Duverger —Aix-en-Pro’ — 17 €.)
Dimanche 18 :
Constellations, les pieds dans l’eau. Dernière journée pour ce festival toulonnais, direction la mer avec une conférence flottante, nagée où à 11h, on prend de la distance avec la côte, où l’on regarde le monde d’ailleurs avec un autre rapport à la pesanteur, sur ou sous la ligne de flottaison et l’on redécouvre jusqu’à sa propre respiration. La conférence sera menée, guidée par le géographe Michel Lussault et le chorégraphe Frank Micheletti. A 13h30, retour sur la terre ferme avec avec une conversation de bord de ferme pour parler littoral, limites terre-eau, et tant d’autres choses. Puis comme chaque jour, des spectacles avec Jonas Chéreau, Marco da Silva Ferreira, Ana Perez et un DJ-set, bal de clôture du festival par Deniamoro, DJ, adepte de la sonomondiale, cette rencontre des plaques musicales, de s continents rythmiques. (Dès 11h à la Tour Royale puis à L’Amarre. — Entrée libre avec inscription préalable pour la conférence flottante à festivalconstellationskki@gmail.com.)
Mardi 20 :
Jam-Session aux Réformés. Août n’avait encore bouclé son dossier annuel ; on était le 30 pour être précis, que Cyril Benhamou, ses claviers, son sax et sa flûte trav’ remettaient le couvert aux Réformés, le bar-restaurant with view tout en haut du Cinéma Artplexe, en compagnie de Florent Sallen à la batterie et Adam Derrez à la basse. Un trio pour lancer la jam du mardi avant que les amis et les amis des amis dégainent leurs instruments ou chauffent leurs cordes vocales et rentrent dans la party. On a ainsi vu défiler, inspiré.e.s, en ce soir de reprise sous un toit brûlant, quelques stars à portée de vue des étoiles : un MC, un danseur, un joueur de clave, un saxophoniste, des batteurs, un pianiste, une chanteuse, un joueur de sitar, une joueuse de kayamb et un public en feu, sans qui cette jam ne serait qu’une plate rencontre entre musiciens sur un rooftop. On se serait cru dans un poème de Prévert, manquait juste les ratons-laveurs ; car pour ce qui est du doux sentiment d’accomplissement, de bonheur simple qui émane de la prose ou des vers du poète, et que libère cette « dinguerie, de cette soirée de barjots » selon les propres termes de Cyril totalement enthousiaste ; il n’y avait pas photo car comme dit le poète, « De deux choses lune l’autre, c’est le soleil. ». Un enthousiasme solaire que ne démentait pas l’hôte de la Jam, Mister Cyril B. en lâchant euphorique : « La Jam aux Réformés, c’est tous les mardis jusqu’en 2042 ! ». Jusqu’en 2042… Probablement, mais en attendant, n’attends pas… si tu vois c’que j’veux dire ! (Dès21h30 aux Réformés, le bar-restaurant en terrasse du cinéma Artplexe (accès par ascenseur uniquement — 125, la Canebière — 13001 — Entrée libre.).