À l’occasion de la 17ème édition de la Cannaparade, la marche mondiale du cannabis.
Cinq millions, c’est le nombre d’usagers réguliers du cannabis en France, l’une des plus grandes proportions de consommateurs en Europe. C’est aussi le nom d’un manifeste, le « Manifeste des 5 millions », publié par l’organisation de la Cannaparade, la marche mondiale du cannabis. On peut lire dans son introduction : « Cinq millions. C’est cinq millions de personnes qu’elle ignore. En les ignorant, elle les met en danger. Parce qu’elle ne leur garantit pas l’accès à un produit de qualité contrôlée, elle les laisse entre les mains des organisations criminelles qui profitent du marché noir, dont on a peine à imaginer qu’il soit le meilleur protecteur. »
Parmi ses signataires, Aurélien Bernard, l’un des organisateurs de cette marche qui revient ce samedi pour une dix-septième édition. Il était ce mercredi dans Plus Près De Toi pour parler de cet évènement, un rassemblement, qui « défile sous quatre mots d’ordre principaux, à la fois la dépénalisation de la consommation avec une régulation du marché, ce qui fait une légalisation du cannabis, le droit à l’auto-culture et le point principal qui est l’accès au cannabis thérapeutique » explique Aurélien Bernard.
En France, le cannabis est diabolisé
Pour lui, l’accès pour les malades au cannabis thérapeutique est le combat principal de cette nouvelle édition. « En France, on a légalisé le cannabis médical en 2013, et ça fait cinq ans que les malades attendent d’avoir des traitements à base de cannabis », commente le fondateur du magazine en ligne Newsweed, qui suit l’actualité du cannabis dans le monde. Un blocage qu’il juge d’abord culturel, « en France, le cannabis est diabolisé », mais qui tient aussi du milieu pharmaceutique, « aucune entreprise française ne s’est mise sur le marché. » Le gouvernement aurait quant à lui entamé une négociation des prix très (trop) dure avec le fabricant du Sativex, ce médicament à base de cannabis, « bloquant son entrée sur le marché ».
Depuis l’accession d’Emmanuel Macron à la présidence s’opère une sorte de va-et-vient sur la question : alors que le président semblait plutôt favorable à une dépénalisation (dans son livre Révolution), les consommateurs seront finalement bientôt passibles d’une contravention. Pour Aurélien Bernard, il s’agit d’un vrai recul. « C’est une re-pénalisation du cannabis (…) aujourd’hui, la révolution c’est qu’en plus d’être passibles d’un an de prison et de 3750 euros d’amende, les consommateurs pris en infraction sur la voie publique pour simple usage – donc possession et consommation – seront passibles d’une amende systématique de 300 euros. »
Il poursuit : « Ils frappent les consommateurs au portefeuille, sans s’attaquer du tout aux effets du cannabis en France, à savoir la violence, le marché noir et les malades qui sont eux toujours privés de substances qui pourraient les aider ».
La Cannaparade aura lieu ce samedi à Paris. Toutes les informations sont à retrouver ici. Le podcast de l’émission Plus Près de Toi est quand à lui disponible en intégralité ici.
Visuel : © Rick Kern / Getty Images