Nantes n’est pas seulement la capitale de la manif’ ni la capitale historique de la Bretagne. C’est aussi celle du numérique. Beaucoup de festivals y sont dédiés dans cette discipline et c’est bien Scopitone qui en est le symbole.
Depuis vingt ans, ce festival promeut les arts numériques et les musiques électroniques. On vous parle de nos coups de cœur de cette édition.
La « Performance à 8 mains » de maîtres
Ce projet, commandé par Scopitone, réunit quatre paires de mains de génies. Et qui de mieux pour créer cette équipe que le très reconnu producteur nantais Maelström ? Ont répondu présent : le producteur Fasme (nantais lui aussi), la porte-flambeau de la bass music Flore, et le Bordelais Djedjotronic pour compléter (signé chez Boysnoize Records), qui vivait à l’occasion sa première expérience live à plusieurs.
Des projets inédits comme celui-là, Scopitone en a l’habitude. L’année dernière, nous avions interviewé Glitter55 et Mehmet Aslan pour la performance pluridisciplinaire Bird Signals for Earthly Survival.
Des installations en ville
Dans le cadre du festival, deux installations sont présentes dans la ville.
On est particulièrement ému lorsque l’on assiste à Constellations de Joanie Lemercier. L’installation est située sur les bords de l’Erdre (affluent de la Loire), haut lieu des apéros sur les bords de quais. Le spectacle commence à l’heure où la nuit tombe. Au-dessus du bassin s’anime une projection sur de fines gouttes d’eau. Des objets tridimensionnels et de constellations se forment et se meuvent sur la musique ambient et phasante de Paul Jebanasam. Prenant et immersif.
La deuxième installation se déroule, elle, dans un autre lieu de la ville. Le Château des ducs de Bretagne se transforme en temple d’Inde. C’est la projection Cachemire de l’artiste français Yann Nguema.
Musiques électroniques et Masterclass
Scopitone offre chaque année une programmation musicale pointue dans son genre. Cette année encore, les têtes d’affiche (Daniel Avery, Myd, Anetha…) côtoient les artistes du moment les plus retentissants (U.R.Trax, LSDXOXO, Romane Santarelli…). On a aussi pu découvrir le tout nouveau projet de l’Ivoirienne Asna et du Français anyoneID : Kass Kass Rizer, vraie bombe afro-club.
Un de nos coups de cœur : le live d’Atoem, duo breton basé à Nantes où il a son propre studio maison. Durant la première Nuit électro à Stereolux, il est attendu de pied ferme par le public. La salle Micro de Stereolux est bouillante et pleine à craquer. Nous prenons notre claque sur ce live bien rodé où solo de guitare se mélange avec vocodeurs, boîtes à rythmes et synthétiseurs. Atoem n’est pas seulement un groupe live, loin de là. Ce sont des geeks qui fabriquent eux-mêmes certains de leurs instruments comme leur imposant synthétiseur modulaire. Avec les sorties remarquées de leurs différents EP depuis 2018, ils s’illustrent aussi avec leurs remixes. Comme celui de Serenity de Popof sur lequel ils finissent leur live à Scopitone. D’ailleurs, ils sortent tout juste un remix du morceau “Infinite” de la fanfare allemande Meute.
Et parce qu’ils sont à la maison, le groupe propose une masterclass pour l’un des ateliers du festival. L’occasion de partager leur savoir-faire à des passionnés de l’analogique et de la production. Le sujet de la masterclass ? « La synthèse soustractive ». En gros, c’est un cours pour réviser son bac spécialité physique électronique. Ou plutôt, un cours sur le son analogique, sur leur processus de création et de production. Les participants testent pendant l’atelier les différentes machines qu’utilise les deux membres d’Atoem : synthétiseur modulaire, clavier, boîte à rythmes… La grande classe.
Scopitone a fait ressortir notre côté geek. En mettant en avant (d’une manière paritaire) les artistes à suivre du monde entier et la scène locale nantaise (S/o le collectif Zone Rouge et le 44 tours), le festival montre l’importance du numérique et des technologies dans l’expérience sensorielle de la teuf. Scopitone c’est encore et toujours une masterclass du haut de ses 20 ans d’existence.