La chronique de Jean Rouzaud.
Même le Rock est différent avec les femmes…
Eagle Rock sort un documentaire sur la chanteuse des Pretenders, groupe rock (pub rock, garage, post-punk, New Wave…) découvert dans les années 80 : Chrissie Hynde donc, américaine de Akron (Ohio), atterrie à Londres après un détour par Paris…
Cette jolie brune aux yeux charbonneux évoque une italienne rockisée (en fait elle a une mère latino), même si sa voix, grave et parfois trainante, nous ballade d’un blues rock à un pub rock plutôt british, mais en fait un groupe rock élégant et cadré, répertorié New Wave…
Attitude, solitude pour un crépuscule New Wave
Cette guitariste, passée par les Beaux-arts, comme la plupart des groupes New Wave, tous teintés d’esthétique et d’intentions plastiques, ont choisi Londres pour baigner dans ce cadre artistique ET Rock.
Chrissie Hynde, ayant fui son Midwest barbant, fera tous les petits boulots : de vendeuse chez Vivienne Westwood, à membre d’obscurs groupes punks, mais elle est dans l’œil du cyclone ou elle voulait être.
En 76, elle fait un passage à Paris avec les « Frenchies », groupe Glam français de Jean-Marie Poiré (!), puis du côté de mon ami Marc Zermati, le pape du Punk français, époque Open market.
Elle côtoiera outre-Manche tous les punks anglais, tentant de former un groupe. Elle croise (et jamme ?) avec certains membres des Damned, Pistols, Clash, Chris Spedding, Steve Strange et même Motörhead….
Elle passera au Gibus parisien cinq soirs de suite, avant d’être à l’affiche avec David Johansen, des New York Dolls, en Angleterre.
Le film sur elle, quarante ans après cette aube des débuts, est original car l’interprète, ayant traversé la furie Punk et les Hit-parade New Wave, n’aspire plus qu’à une certaine Paix…
Elle peint des toiles abstraites géométriques et quelques portraits expressionniste ou fauves à Londres, donne des interviews aux radios (à New York), et ne dédaigne pas un peu de shopping à Paris (Barbès), en quête de costards Rock, étroits et stylés.
Sans prétention, elle devise au bord d’une voie ferrée (image Folk Rock des Hoboes, ces clochards célestes de la route clandestine, de la génération Beat et des road movies…)
Dans cette vidéo informelle, elle nous fait aussi visiter l’ashram des Hare Krishna près de Londres, offert par Paul Mc Cartney à la secte !!!!! Hare Rama ! Des extraits de ses concerts américains (Nashville) nous ramène à ses sources premières (je la situe entre Joan Jett et Deborah Harry, rockeuses rares..), avant son parti pris British Rock.
Elle raconte aussi ses essais avec la mannequin douée et fan de Rock Kate Moss, sur scène et en répète…Mais ce film contient surtout son concert de 1981 au Rockpalast, à Cologne.
Un beau groupe posé et de belles chansons, y compris des hommages aux Kinks et aux Small Faces, ces grands ancêtres du Swinging London, considérés comme les parrains du Punk. La voix grave et légèrement trainant de Chrissie et ses riffs nerveux y font merveille.
Alone with Chrissie Hynde. DVD 172 mn : documentaire de 90 mn et concerte de 82 mn. Sous titres français, anglais, espagnol, allemand, italien, portugais… Distribution Eagle Rock.
Visuel : (c) Getty Images / Paul Natkin