Quand l’équipe de Strip-tease met à poil le film noir.
La petite musique que vous venez d’entendre n’est pas inconnue des téléspectateurs des années 90-2000. Ce morceau, Batumambe, servit de générique à Strip-tease, série documentaire belge qui dynamita les codes du registre. Cette mélodie étrange, aux airs de fanfare traênante mais entraînante collait idéalement à l’esprit Strip-tease, cette envie de mettre à poil l’humanité dans ses contradictions mais sans la condamner. Une vraie révolution quand ce que montrait cette série tenait autant de la cour des miracles que d’une étude sociologique in vivo, sans aucun commentaire, juste la réalité brute, quitte à provoquer le malaise ou la compassion. Programme culte, Strip-tease à fini par s’arreter sur le petit écran, mais par renaître sur le grand. D’abord en 2017 avec Ni Juge, ni soumise, portrait d’une juge bruxelloise peu orthodoxe. Aujourd’hui avec Poulet Frites, récit d’une enquête singulière.
En plus du Poulet et des frites, il y aurait donc la mayonnaise façon Strip-tease ?
Au départ, il y a donc un cas pour le moins singulier, celui d’une morte reliée à un suspect trop évident par une frite surgelée retrouvée intacte dans son bol alimentaire. A l’arrivée, il y a un parcours bien plus escarpé, de la procédure que suit le commissaire Lemoine et son équipe à une embardée vers les relations entre les polices internationales. Mais surtout cette frite-la se pose en travers du gosier de l’ univers de film noir. L’ambition de Jean Libon et Yves Hinant est d’ailleurs évidente ne serait-ce qu’en étant parti d’images d’un ancien sujet de Strip-Tease, remontées et désaturées pour prendre les teintes charbonneuses du cinéma réaliste des années 40. Comme pour revenir à cette période ou les films avaient beau être des fictions, ils finissaient toujours par documenter pleinement sur l’époque. Ainsi la véritable enquête de Poulet Frites est sans doute celle sur un déterminisme social, de la vision en coupe d’un quart monde généralisé à celle du fonctionnement désarmant de la police et de l’institution judiciaire. A la fin de Poulet Frites, on entendra à nouveau Batumambe, ce générique signature, qui résonne alors peut-être encore plus que dans les épisodes de Strip-tease, comme la marche crève-coeur d’une humanité entravée par le boulet de systèmes dysfonctionnels.
En salles le 28 septembre