Un label qui met en lumière les cultures hybrides au travers d’une création sonore et documentaire autour d’archives.
Les archives, c’est justement ce qui est au centre des travaux d’un label français spécialisé dans l’édition de compilations sonores et documentaires. Ce label en question s’appelle Flee. C’est un projet fondé il y a quelques années par Alan Marzo, Olivier Duport et Carl Åhnebrink autour de l’idée de valoriser et mettre en lumière des cultures hyper localisées et des mouvements culturels.
Chaque année, ils publient un vinyle ainsi qu’un ouvrage documentaire regroupant témoignages, photographies, expertises et enquêtes. Des livres qui ouvrent la porte aux questionnements autour de ces cultures hybrides. Dans les précédentes sorties, on peut retrouver un album sur les chants de pêcheurs de perles du golfe Arabo-Persique, une compilation sur le paysage sonore italien inspiré par la tarentelle (une danse et musique de soin) ou bien “Un kaléidoscope Kenyan” nous plongeant au cœur de la musique Est-Africaine.
Leur dernier projet, paru en septembre 2022, s’appelle Leva Leva et il tient dans ses filets des chants de pêcheurs portugais. Une compilation basée sur des archives d’enregistrements de ces musiques chantonnées lors d’un départ en mer ou d’une remontée de filet. Pour accompagner cette création sonore, un livre regroupe toutes les informations nécessaires afin de mieux appréhender la culture et la transformation de la pêche sur la côte portugaise. Un ouvrage contenant photographies, expertises et témoignages.
Pour arriver à ce résultat, ils suivent un processus bien précis. L’équipe de Flee part tout d’abord d’une piste, d’un premier enregistrement qu’on leur envoie ou qu’ils trouvent au cours de leurs recherches. Une fois ce premier élément sonore trouvé, ils identifient le lieu d’où il provient. S’ensuit un travail de recherches entre bibliothèques de bases de données et documentations. Une étape essentiellement théorique qui se déroule à distance de la source de l’archive, et dont le but est de centraliser un maximum d’infos et de contacts.
Ils se déplacent ensuite sur le lieu d’où provient leur piste initiale. Dans le cadre de Leva Leva, nos dénicheurs d’archives se sont donc rendus à Lisbonne. Sur place, ils rencontrent des locaux, contactent des journalistes et arrivent parfois à échanger avec des familles de proches des personnes qui sont à l’image ou au son de ces archives. Une étape qui dure environ un mois.
À l’issue de cette première phase, les personnes avec qui ils aimeraient travailler sont identifiées. Anthropologues, musiciens, journalistes, photographes, experts ou non-experts, de nombreuses personnes vont contribuer au projet. Ensemble, ils déterminent quels sont les sujets les plus pertinents à aborder. C’est là que se dégage un fil rouge qui permet de déterminer le sujet de la compilation et du livre.
Pour la partie sonore, ils font appel à des producteurs qui peuvent travailler à partir des archives en les intégrant à des compositions. L’équipe de Flee leur donnent accès à toutes leurs recherches pour qu’ils puissent s’imprégner de l’histoire de ces cultures et ensuite libre à ces compositeurs de créer leurs œuvres musicales.
Petite immersion à bord d’une embarcation de pêcheurs portugais. Fermez les yeux, tendez l’oreille et essayez de ne pas avoir le mal de mer.
Un texte issu de C’est Bola vie, la chronique hebdomadaire (lundi au vendredi, 8h45) de David Bola dans Un Nova jour se lève.