Jusqu’à présent, l’Italie était un territoire assez permissif en ce qui concerne les manifestations, les rassemblements et les raves… tout change avec un nouvel article de loi.
L’article 17 de la Constitution italienne autorise l’organisation de manifestations publiques sans préavis, car cela fait partie des libertés de chaque individu. Mais depuis l’arrivée au pouvoir, le 22 octobre dernier, du nouveau gouvernement italien avec à sa tête Giorgia Meloni, présidente du parti d’extrême droite Frères d’Italie, les premières mesures liberticides apparaissent… et les rassemblements festifs n’y échappent pas.
Petite remise en contexte, le soir du 31 octobre dernier, alors que vous croisez dans les rues des enfants déguisés en petits fantômes et diablotins en tout genre, certains font la fête dans les clubs et dans des terrains abandonnés…ou pas. Une rave party d’Halloween a eu lieu dans les environs de Modène, dans le nord de l’Italie. Malheureusement cette fête s’est déroulée sur le terrain d’un propriétaire qui n’avait pas donné son accord pour le rassemblement. La police débarque, la rave s’arrête, les fêtards sont dispersés et le système-son d’une valeur de 150 000 euros est confisqué.
Suite à cet événement, le gouvernement de Giorgia Meloni a introduit une nouvelle loi, l’article 434 bis du code pénal, qui propose de punir l’invasion de terrains ou d’immeubles dans le cadre de rassemblements dangereux pour l’ordre, la sécurité ou la santé publique. Les sanctions encourues s’étendent de 3 à 6 ans d’emprisonnement et une amende de 1000 à 10 000 euros pour les organisateurs. De leur côté, les participants s’exposent à des peines plus légères.
C’est une réforme qui inquiète beaucoup de l’autre côté des Alpes et pas seulement dans le secteur de la rave, cet article 434bis a fait réagir beaucoup de figures politiques et culturelles dans le pays. L’ancien garde des sceaux Andrea Orlando s’inquiète de voir cette nouvelle loi utilisée pour d’autres raisons en plus de prévoir des sanctions disproportionnées. En effet, dans le texte, il n’est pas spécifié ce qui constitue un rassemblement dangereux pour l’ordre public ou pour la santé publique. L’opposition craint donc que cette réforme serve également à interdire des manifestations et des rassemblements politiques.
Encore plus inquiétant, puisque l’on a affaire à des peines qui peuvent potentiellement dépasser les 5 ans, les procureurs pourront, en accord avec la législation italienne, avoir recours à des écoutes téléphoniques pour rassembler des preuves.
Pour terminer sur une note plus positive (le nom de la chronique, c’est quand même “C’est Bola Vie”), on rappelle que l’Italie n’est pas le premier pays à tenter d’interdire ces rassemblements festifs. Une tentative avait été tentée en Angleterre sous le gouvernement de Margaret Thatcher en interdisant la musique répétitive (Autechre avait alors publié un Anti-EP pour tourner cette loi en ridicule).
Aujourd’hui, la musique électronique anglaise se porte très bien (ce n’est pas Fred Again.. qui vous contredira), espérons qu’il en sera de même avec l’Italie, et que cette page sombre ne sera rien de plus qu’une nuit noire, qui laissera la place, au levé du jour, a une musique lumineuse, tonique et rêveuse…