Un opus survolté de japanimation confirme sa supériorité en renvoyant le cinéma d’animation dans les cordes (de guitare électrique).
Cette semaine, le cinéma d’animation a été frappé par une secousse tellurique : Bob Iger, l’ancien patron de Disney a été prié de revenir prendre les commandes de la maison de Mickey, pour faire remonter la côte de ses actions en bourse. Et surtout remplacer Bob Chapek, son successeur, qui aurait fait pas mal de trous dans le gros fromage de la souris, notamment avec des choix hasardeux comme celui de priver les salles de certains crus d’une spécialité maison, le cinéma d’animation, au profit de leur plateforme Disney + ou débarquèrent directement Soul ou Alerte rouge. Au même moment, on a vu apparaître la bande-annonce, assez terne, d’Elementaire, le prochain Pixar, qui devrait donc trouver le chemin des salles courant 2023. C’est là, que toujours cette semaine, on peut découvrir une autre secousse tellurique qui laisse penser que ces mouvements chez Disney sont déjà obsolètes, tant Inu-oh, opus frappadingue de japanimation, les mets à l’amende. Le nouveau film de Masaaki Yuasa a plusieurs longueurs d’avance, ne serait-ce qu’en commentant avec une histoire improbable de rock-star à l’époque des shogun, le monde du divertissement, pour mieux le pousser à se régénérer en spectacle total. Ici, une guerre de clans fait muer la trajectoire d’une troupe musicale du 14e siècle en relecture des usages du showbiz d’aujourd’hui.
Inu-oh fusionne folklore des récits de karma, tradition du théâtre Noh et opéra-rock dans une succession de scènes démentielles. Tenant de la performance graphique et scénique, la fable sur les aléas d’une obsession pour la célébrité glisse vers une forme inédite de film-concert combinant numéros musicaux éléctrisants et différentes textures d’animation, allant du figuratif à l’abstrait, d’une 2D aquarelliste à une 3D immersive. Un peu comme si Gorillaz ou les Shaka Ponk fabriquaient un hologramme de Jimi Hendrix ou de Freddy Mercury pour se lancer dans un cours d’histoire de la culture japonaise à travers les âges. A la fois énergiquement moderne, dans sa forme et philosophe dans sa réflexion sur la necéssité pour les artistes de vivre de leur art tout en devant incarner une rébellion à l’ordre établi, Inu-Oh reprend ces propres principe à son propre actif, pour un film défendant bec et ongles une identité forte en gueule, portée par l’ahurissant relief sonore de chansons au potentiel d’ hymnes survoltés pour concerts dans des stades. Forcément, Inu-Oh ne bénéficiera pas de la même puissance marketing qu’un dessin animé Disney, on se suprend donc d’autant plus à rêver que des parents nostalgiques de purs show scéniques emmènent leurs rejetons voir ce film qui fait taper du pied, et que cette marmaille s’entiche autant de ses chansons qu’elle le fut du fameux « Libéré, délivré-éééééé » de la Reine des neiges, paroles qui résument en fait pleinement, l’esprit d’Inu-oh, Roi des guitares éléctriques dans un dessin animé qui fait voler en éclats les carcans.
En salles le 23 novembre