La très grande saga de Radio Nova racontée par celles et ceux qui l’ont vécue et ambiancée à l’antenne ou dans la savane.
Prose combat contre la vie chère : en 1994, Nova s’insurge contre la hausse du prix de la merguez-frites avec MC Solaar et un auditeur au téléphone, invités de La Grosse Boule d’Ariel & Edouard. Quoi qu’il en coûte, la radio – média gratos – s’offre les services d’une jeune comédienne nommée Léa Drucker, qui interpelle dans la rue des inconnu·e·s pour les faire monter à bord de la « Tatie Mobile », ou de Frédéric Taddéi, chroniqueur curieux et désinvolte, qui « lit pour nous » des romans-marqueurs de leur temps comme Génération X de Douglas Copland, l’année de sortie de Baise-Moi (Despentes) ou d’Extension du domaine de la lutte (Houellebecq). Kurt Cobain cesse de lutter contre son mal-être en se servant d’un fusil et plombe toute une génération, qui chiale en écoutant l’album MTV Unplugged, ou le vague-à-l’âme sophistiqué de Portishead. Regarde les hommes tomber, dit l’affiche du premier long-métrage de Jacques Audiard. Le fondateur de l’internationale situationniste, Guy Debord, théoricien de « la société du spectacle », se suicide aussi à l’arme à feu, mais Serge Karamazov met enfin la main sur le tueur en série qui terrorise le festival de Cannes dans La Cité de la peur. Chez nous, c’est la joie : pendant douze heures de direct, Nova fête la chanson française avec Juliette Gréco, Philippe Léotard, Malka Family ou Mad in Paris, qui rappe que Paris a le blues, que les gens ont les boules, que le manque de flouze et de temps les saoule – ce qui n’a pas beaucoup changé.
Au même moment, ta mère roule en Twingo en écoutant Mets de l’huile ou Mangez-moi mangez-moi mangez-moi et toi tu piques dans son sac de quoi t’acheter des pogs pour la récré. La Mano se sépare, mais Nas, qui n’est pas encore millionnaire, nous régale d’un freestyle pas naze à l’occaz’ de ses débuts gravés sur Illmatic. C’est la fin du magazine Actuel, mais la naissance de Nova Mag dans lequel un ancien pharmacien, Patrick Thévenin, qui couvre l’éclosion du mouvement house en France, s’étonne d’être « payé pour s’amuser » – alors que nos week-ends sont ensorcelés par les mix de Lord Zelko, Loïc Dury ou Gilb’r, à fond la caisse !
Réalisation, mixage : Guillaume Girault.