Parce que à l’image du bonnet d’âne à son époque, le modèle d’aujourd’hui a peut-être fait son temps lui aussi.
Le matin, Marie Misset fait le point sur ce qui appartiendra peut-être très bientôt au passé. C’est Tout doit disparaître, sur Nova.
Je ne sais pas si vous vous figurez souvent ce à quoi devait ressembler l’école dans les années 1950, mais personnellement, j’ai vraiment zéro nostalgie. J’ai toujours même un petit frisson d’horreur en pensant au bonnet d’âne, châtiments corporels et autres humiliations qui étaient monnaie courante.
Évidemment, aujourd’hui, on en est loin. Il reste parfois un tableau et des craies mais l’humiliation comme méthode d’éducation n’a plus le vent en poupe.
Un modèle bien établi
En revanche, il reste une manière d’enseigner très française, où le professeur a une parole sacrée et les élèves écoutent/reçoivent. Une école, ou si tu n’es pas bon en maths ou en français, point de salut, même si à côté tu dessines comme un dieu ou codes comme un démon.
Même pour ceux qui adorent ce modèle et sont nostalgiques des bonnets d’âne, force est de constater qu’il ne fonctionne pas. Les chiffres de l’échec scolaire sont inquiétants : 40% des enfants sortent du CM2 avec de graves lacunes, la France est 26e sur 28 au sein de l’UE en matière d’influence de l’origine sociale sur la réussite scolaire, et surtout, les enfants souffrent – ils sont plus de 45% à avoir régulièrement des insomnies – et les profs aussi, en témoignent une réelle crise des vocations.
La Scandinavie, réservoir de tentatives pédagogiques
Le tout oblige les pouvoirs publics à observer timidement d’autres méthodes en regardant par exemple du côté de ce qui se fait déjà : les méthodes Montessori, Freinet ou Steiner. Et puis ils envoient aussi des professeurs voir pourquoi ça marche mieux ailleurs.
Ainsi, un proviseur d’un collège du Gard envoyé en Finlande, en est revenu avec cette illumination : « La Finlande a fait le choix de faire confiance à la curiosité et à la soif naturelle d’apprendre des enfants ».
La Scandinavie est un véritable réservoir de tentatives pédagogiques, un laboratoire géant. Il existe par exemple au Danemark une école où toutes les matières sont enseignées avec des jeux de rôle. Une semaine, l’école vit au rythme de « Donjons et Dragons », la semaine d’après, c’est « Crime en Série ». Dans la classe, à chacun son personnage, son histoire et un pseudo. Mise en pratique : en classe de chimie, pendant la semaine « Crime en Série », les élèves se voit présenter un mystérieux liquide qui « a servi à faire disparaître le corps de la victime ». À eux de trouver ce qu’il contient, nous raconte Wedemain dans un article consacré à cette école danoise.
En France aussi évidemment, beaucoup de professeurs n’attendent pas les réformes compliquées de l’Éducation nationale pour essayer de rendre leurs élèves plus actifs et leur proposer des parcours plus personnalisés.
Usbek et Rica racontent dans un grand article la nécessaire réinvention de l’école de la République, l’initiative de quelques professeurs d’un collège de Pantin (en Seine-Saint-Denis) jumelé à un autre d’Oyonnax (dans l’Ain). Ces professeurs ont réussi à lancer un minitour de France : 40 élèves se sont lancés sur 400 kilomètres des routes d’Aquitaine pendant 10 jours.
Le projet, appelé « rencontres à vélo » visait à faire des élèves des individus actifs, autonomes. On peut aussi imaginer la fierté d’un adolescent qui vient au bout des 400 km.
Une professeur ayant encadré le projet raconte aussi que cette initiative a changé le rapport professeurs/élèves et que surtout, ils ne se rendent pas compte qu’ils sont en train de travailler.
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