Ces dernières années, l’industrie musicale et celle des séries passent de plus en plus d’alliances.
Que les fans de binge-watching (en gros, une consommation boulimique d’objets télévisuels) de qualité se réjouissent. On apprenait en cette rentrée le renouvellement de deux séries qui cartonnent aux États-Unis : Atlanta et Insecure. Deux shows américains qui partagent beaucoup de points communs, mais en particulier, celui de s’écouter autant qu’elles se regardent. Toutes deux sont dotées de bandes-sons extrêmement solides, variées, branchées, des nouveautés hip-hop et de grands classiques, à l’image de ce que la jeunesse américaine et mondiale a envie d’écouter.
Rappel des faits
Insecure, c’est l’histoire d’Issa Rae, une trentenaire très drôle et très cool, qui vit à Los Angeles et qui essaie de jongler entre ses amies, ses amants, son job pourri et son pays qui va mal. Certains comparent Insecure à un Sex and The City pour millenials, et c’est vrai que cette série écrite et coproduite par son actrice principale parle avec les mots juste du quotidien des femmes, des noirs américains et des trentenaires.
Atlanta, c’est la série du rappeur Childish Gambino, Donald Glover dans le civil, dont on a beaucoup parlé ces dernières années, notamment cet été lorsqu’il a sorti l’exceptionnel « This is America ».
Là encore, c’est l’histoire d’un apprenti manager qui galère. Atlanta se moque de l’industrie musicale florissante ou déclinante d’Atlanta, et c’est drôle.
Bandes son de compétition
Si les bandes-son de ces séries sont si prenantes, c’est parce qu’elles sont faites par des professionnels. Ainsi la supervision musicale d’Insecure a été notamment confiée à un certain Raphael Saadiq (qui était derrière le groupe Lucy Pearl ou Tony Toni Toné). Solange Knowles, soeur de Beyoncé, a elle aussi participé à l’élaboration des univers sonores des premières saisons.
Atlanta, lors de sa première saison, en 2016, s’offrait Migos en guest-stars. La bande-originale, quant à elle, est signée par Childish Gambino et son équipe, qui la compose à partir de ce qu’ils écoutent au tout long du tournage.
Les BO ont pris tellement d’importance dans le processus créatif et le lien avec le public, que ces séries sont devenues de véritables tremplins pour les artistes. Il suffit désormais qu’une chanson y figure pour qu’elle devienne virale. Des playlists permettent aussi se rester à jour, après chaque diffusion d’épisode.
Séries 1 – MTV 0
Atlanta et Insecure n’ont pas inventé le concept des BO ultra-fouillées. Mais elles profitent du déclin de la radio et des chaînes de clip type MTV, ainsi que de l’explosion des plateformes de streaming vidéo type Netflix. Les liens entre l’industrie musicale et l’industrie des séries ont eux aussi évolué : désormais les jeunes artistes veulent se faire remarquer non plus seulement par les programmateurs de radio, mais par les compositeurs et superviseurs musicaux des shows télé.
La tendance va même plus loin. Des artistes passent désormais des contrats d’exclusivité avec les séries. SZA, signé sur le label de Kendrick Lamar, a sorti en exclusivité des morceaux dans la bande-son d’Insecure, afin de promouvoir son nouvel album, Ctrl. Il se pourrait bien, donc, que l’avenir de la musique se joue sur le petit écran.
Sophie Marchand et Jean Morel vous parlaient lundi de ces séries qui s’écoutent autant qu’elles se regardent dans BAM BAM, Le bureau des affaires musicales. Une émission qui déshabille les musiques qui font l’actualité pour en parler autrement. Des interviews surprenantes, des disques qui font danser et un regard affuté sur l’industrie musicale. BAM BAM c’est sur Nova tous les jours de 18h à 19h30, et en podcast sur Nova.fr.