Des albums, il en sort désormais 2520 par semaine (chiffre approximatif). Pour vous aider à faire le tri, voici la sélection hebdo de Radio Nova des albums à ne pas louper.
Wax Tailor, Fishing For Accidents
Mélomane et cinéphile averti, Wax Tailor défend depuis 20 ans (son premier EP, Que Sera / Where My Heart’s At, date déjà de 2004) un univers pétri de samples (extraits de films, mais pas seulement), de featurings puisés partout où la créativité se manifeste, d’une musique vacillant entre l’agilité du hip-hop, la sensualité du trip-hop, la multiplicité toujours plus vaste des musiques électroniques. Pour ce nouvel album, qui intervient deux ans après le très ombrageux The Shadow of Their Suns, le DJ et producteur français est parti d’une réflexion d’Orson Welles (le réal de Citizen Kane, si on ne doit en citer qu’un), qui liait la notion de création à celle d’accident. Dans Fishing For Accidents, Wax Tailor part ainsi en quête de cet accident créatif, de l’imprévu sublime, du hasard qui ouvre une piste, devient une route et de fil en aiguille, une nouvelle demeure. La pêche aux rêves a été ouverte. Explorons-la.
Kelela, Raven
On se perd aussi cette semaine, et à dessein, dans l’album de Kelela, qui, en quinze morceaux et plus d’une heure de musique (on les sent pas, pas d’angoisse), passe par le grime, le 2step ou le R&B pour invoquer la danse, la transe, les pensées qui obsèdent lorsque l’on bascule de l’autre côté du miroir. Pour l’Américaine, un disque sur lequel elle réfléchit et sur lesquels les autres dansent. On peut faire les deux en même temps ? C’est au sein de la foule que l’on se sent parfois le plus seul alors, j’aurais donc tendance à dire que oui. Vous avez le droit d’avoir un autre avis sur le sujet. On en parle à l’occaz.
Liv.e, Girl in the Half Pearl
Autre choix de bringue cette semaine, celle que vous pouvez envisager sur le disque conçu par Liv.e depuis l’univers impitoyable de Dallas, d’où elle propose un R&B qui groove, qui s’excite, qui mute et souvient, devient jungle (“Ghost”). Pour celles et ceux qui changent d’avis toutes les trois minutes et qui en font une force.
Myth Syzer, POISON
Dans la catégorie des beatmakers qui se sentent pousser les cordes vocales de celui qui chantonne, qui rappe, qui se confie, voici Myth Syzer, issu du crew Bon Gamine et auteur, il y a quelque année, de la prod’ d’un drôle de morceau devenu gros tube générationnel (“Le Code”, avec l’équipe Bonnie Banane, Ichon et Muddy Monk). Sur POISON, et plus encore que sur ses précédents disques Bisous et Bisous mortels (on note l’omniprésence du champ lexical amours / douleurs), Myh travaille un flow de plus en plus personnel, pose auprès de comparses anciens (Muddy Monk, Loveni) et nouveaux (Arthur Teboul de Feu! Chatterton), rappelle que c’est parfois avec les poisons les plus dangereux que l’on prépare les meilleurs remèdes.
DJ Pone, 1978
Finir par poser des mots sur ses propres prods ? Pas évident pour tout le monde. DJ Pone, lui, ne se lance pas dans l’aventure, mais invite, comme souvent chez lui, un max de monde sur son nouveau disque, 1978. Awir Leon, Gringe, Georgio, Disiz, Oxmo Puccino, Mélissa Laveaux, Jeanne Added, et bien sûr Pone au diapason d’un disque qui sonne hip-hop, R&B, pop ou même gospel. Un disque qui résonne, et comme l’écrit Frédéric Beigbeider (oui, c’est Beigbeider qui signe le texte de présentation de cet album-là…), “comme la dernière chance accordée à l’être humain pour humaniser les machines, et le monde… tant qu’il restera un monde”. Sauver le monde avec un disque ? Finalement, tout est plus simple que prévu.