Cette semaine, une Potion des grands esprits avec l’écrivaine Seynabou Sonko qui publie son premier roman, Djinns, aux éditions Grasset. Dans cet épisode : une initiation aux cultes Bwiti du Gabon, aux vertus de la racine iboga et au lancer de cauris, des djinns plus ou moins bien lunés, PNL, des guérisseuses traditionnelles et une psychiatre accro aux médocs.
Ici, le djinn n’est ni un alcool fort ni un fute en denim.
Le djinn qui donne son titre au roman est un génie, une présence invisible issue des croyances pré-islamiques, un esprit bon ou mauvais qui a toujours une place de choix aujourd’hui dans la culture musulmane et son imaginaire. Un djinn peut prendre forme humaine, animale ou végétale, et selon la sourate 51 du Coran, il peut même aller jusqu’à posséder votre esprit. Si c’est le cas, vous n’aurez plus qu’à consulter quelques spécialistes du désenvoûtement, musicaux ou non, pour en venir à bout et espérer revenir à vous. Tout le monde a un djinn, paraît-il, mais il faut être particulièrement sensible à l’invisible pour le voir. C’est le cas de Penda, attachante narratrice du premier roman de Seynabou Sonko qui, à 29 ans, explore avec humour et gravité les mystères de l’inconscient autant que les conséquences du racisme vécu par les enfants de l’immigration, le tout dans une langue hybride, super créative.
Le pitch : Penda est une jeune femme d’origine sénégalaise qui a grandi dans un squat avant d’être relogée avec sa sœur et sa grand-mère, Mami Pirate, une guérisseuse initiée aux rituels animistes du Gabon et aux vertus de l’iboga, une petite racine hallucinogène aux grands pouvoirs thérapeutiques. Penda aime faire du skate, fumer des pétards, et la vie suit son cours… Jusqu’au jour où ! Tout bascule lorsque son ami Jimmy est interné à l’HP. S’opposent alors deux diagnostics : pour Mami Pirate, Jimmy est possédé par un djinn malfaisant, quand pour Lydia Duval aka Madame la psy experte en médoc et autres traitements de choc, Jimmy est atteint de schizophrénie. Alors, sur le ring du soin et des croyances, qui parviendra à le guérir ? Et si, en fait, la littérature était la meilleure des thérapies ?
Photo de Une : SEYNABOU SONKO © JF PAGA