Dans BAM BAM, Jean Morel et Sophie Marchand analysent la bande originale et le sound design du jeu vidéo.
Ce vendredi est paru un jeu vidéo dont tout le monde ne fait que parler. Red Dead Redemption est un événement vidéoludique tel que même la presse généraliste en fait des caisses. Libération y a consacré cinq pages dans sa version papier, et Le Monde a proposé un live de plusieurs jours pour débriefer le jeu en direct, un dispositif généralement mis en place en cas d’évènement grave ou de soirée électorale. Mais pourquoi donc cette folie ?
La sortie de Red Dead Redemption – un jeu vidéo en monde ouvert de western – c’est un évènement culturel sur lequel tout le monde semble vouloir donner son avis. Certains le trouvent laborieux car trop narratif, d’autres y voient une révolution d’une ampleur jamais égalée dans la façon dont un jeu vidéo peut être pensé.
Mais au milieu de tout cela, rares sont ceux qui se penchent sur un aspect assez dingue de ce jeu vidéo : sa bande originale et son sound design. Seul un très bon magazine indien de jeux vidéos s’est penché sur la question, le Spiel Times.
Le sound design du jeu est un exemple de modernité
En ce qui concerne la musique d’abord, parce que le jeu réussit le tour de force de ne pas être que de la musique indicative qui donne des directions de jeu – qui par exemple s’intensifie lorsqu’un ennemi approche – mais elle n’est pas pour autant de la musique d’illustration, qui sonne vaguement épique et orchestrale.
Au contraire, la B.O. de ce jeu vidéo réussit à rappeler les grandes heures de la musique de western classique et de westerns spaghettis tout en ayant un rôle au sein de la narration. On peut, en pleine partie, s’asseoir au coin du feu avec un partenaire de jeu et se mettre à chanter des chansons en espagnol sur un air de banjo.
En tant que joueur, vous écoutez de la musique et vous appréciez ce petit concert improvisé. En même temps, vos capacités d’interactions avec les autres membres de votre gang augmentent. C’est d’une pierre deux coups. Les transitions musicales, aussi, sont particulièrement réussies.
C’est l’autre grande réussite de la musique du jeu : les transitions ne sont jamais hachées et ne marquent pas de ruptures fortes, la musique accompagne le joueur sans qu’il ne s’en rende compte, lorsqu’il quitte une ville pour les grands espaces où lorsqu’il passe d’une phase de jeu de chasse à une phase de braquage de banque par exemple.
Enfin, le sound design à proprement parler – qui est fondé sur des enregistrements – est vraiment époustouflant. Chaque son de chaque détail est criant de vérité, et le son d’un orage au milieu d’une vallée ou le bruit de l’eau de la rivière qui monte sont incroyablement flippants de réalisme.
Au-delà du débat sur la qualité du jeu ou non, Red Dead Redemption 2 est une incroyable réussite dans son approche du son et de la musique. Très rares sont les joueurs à avoir entendu l’ensemble des morceaux, qui sont au nombre de 192 au total. Il y a même des morceaux chantés sur lesquels toute la communauté de joueurs est en train de spéculer, alors qu’aucun tracklisting officiel n’a été publié.
Une rumeur persistante voudrait par exemple que Monsieur D’Angelo soit le compositeur du titre « May I (on the Run) ». Tous les journalistes essaient de joindre les studios du jeu, qui pour le moment se font un malin plaisir de ne pas répondre.
BAM BAM, c’est le Bureau des Affaires Musicales de Radio Nova, animé par Sophie Marchand et Jean Morel, du lundi au vendredi sur Nova.