Pendant les mid-terms, les vêtements à messages politiques sont revenus en force.
Dans Pour que tu rêves encore, la matinale de Nova, tous les jeudi, Yvane Jacob, qui tient notamment le compte Instagram Sapé Comme Jadis, nous livre sa Chronique Textile de la semaine.
Ce 8 novembre, on parle des habits qui font l’actu. Des habits « spécial midterms », car le vote est officiellement le nouveau vêtement à la mode pendant les élections de mi-mandat américaines. La preuve en un exemple (qui a fait beaucoup parler) : la star des mannequins, Gigi Hadid, portait lundi un t-shirt imprimé du mot « VOTE » en lettres colorées.
Vote !!!! The model #GIGIHADID is sending a message while attending the fittings for the 2018 Victoria’s Secret #FashionShow in #NewYorkCity #NYC#Fashion #Style #Beauty #MovieShoovy #FashionPolice #FashionStyle pic.twitter.com/q2glRrxXew
— Movie Shoovy ® (@MovieShoovy) November 6, 2018
Un t-shirt créé par Prabal Gurung, designer new-yorkais originaire du Népal, qui habille entre autres Michelle Obama. Prabal fait partie des treize designers américains auxquels le site de luxe Moda Operandi a demandé de créer un t-shirt sur le vote, en édition limitée, disponible un mois avant les élections.
Le retour des goodies politique ?
On est loin des goodies traditionnels, comme les tongs qui incrustent UMP dans le sable, la bague Rassemblement Bleu Marine, le t-shirt « Le renouveau c’est Bruno » et son recto « La primaire, c’est Le Maire », ou les les lunettes-sourcils François Fillon (que son équipe n’a jamais osé distribuer).
Avec les mid-terms américaines, on joue dans une autre catégorie. On parle ici de créations adoubées par le milieu de la mode : des designers reconnus et pointus, comme Diane Von Furstenberg, Prabal Gurung donc, Phillip Lim, Tory Burch. Le luxe est là pour dire que le t-shirt engagé n’est pas forcément moche et ne se porte pas qu’en meeting ou en manif. On peut le mettre tout le temps, partout car c’est un objet de mode.
Mais des goodies jolis
Le concept remonte aux origines du marketing politique, au début du XXème siècle. À l’époque, les suffragettes anglaises, qui se battent pour le droit de vote, se servent de leurs vêtements pour être toujours élégantes, apprêtées. Les féministes souffrent à cette époque d’un problème d’image. On les caricature, on les accuse de ne pas savoir attirer un homme, on leur reproche un manque de féminité.
Pour contrecarrer cette idée reçue, elles portent des tissus travaillés, délicats, et surtout elles mettent en place un code couleur utilisé sur les volants, les rubans, les bijoux : blanc pour la pureté, mauve pour la dignité, et vert pour l’espoir. Ces trois coloris sont apposés à tous les accessoires possibles et imaginables, visibles tous les jours, ce qui permet de ne jamais oublier le combat, tout en restant « beau ».
2018, retour aux sources
En 2018, le vêtement politique est de nouveau tendance, surtout depuis la dernière campagne présidentielle. Certaines femmes se sentant menacées par Donald Trump avaient lancé un mouvement de soutien à Hillary Clinton sur les réseaux sociaux, appelé PANTSUIT NATION, en référence aux costumes pantalon portés par la candidate démocrate.
Ces mêmes femmes iront voter en blanc lors de l’élection. Tout est symbolique. Le pantalon, objet de lutte de pouvoir pour les femmes pendant des siècles, et le blanc, la couleur historiquement associée au féminisme américain.
Quelques mois plus tard, pendant la Women’s March, les manifestantes portaient des pussy hats, bonnets roses à oreilles de chat. « Pussy » pour « chatte », en écho aux propos du président qui se vantait d’attraper par là les femmes qu’il voulait… Il y a un donc mouvement de fond, mobilisateur, aux US, qui passe par le vêtement, et qui semble un peu dire « Votons, pendant qu’on peut encore le faire ».
Visuels : (c) Twitter, Getty images / Hulton Deutsch, Getty Images / Andrew Lichtenstein