Le label bruxellois Rebel Up! dépoussière la discographie d’un style de musique andine, la Chicha
Non loin des cités perdues Incas et sous l’œil bienveillant du célèbre Machu Picchu, un courant de musiques andines assemblées sur une compilation par le label bruxellois Rebel Up! rend hommage à une maison de disque culte de la musique péruvienne.les Discos Horoscopo, label lancé en 1977, à Lima au Pérou.
Cette maison de disque a été fondée par Juan Campos Muñoz, un mélomane-businessman qui deviendra une figure essentielle d’un boom culturel dans la sono péruvienne, l’avènement d’un courant musical porté par les habitants des milieux populaires péruviens, la Chicha.
Horoscopo
La Chicha, on la reconnait à son usage d’instruments traditionnels, comme dans la Cumbia, un genre assez proche, mais surtout via l’usage de guitares électriques. À vrai dire, c’est le plus important, les membres du courant citent même l’adage, “sin guitarra no hay chicha” (sans guitare, pas de chicha.)
Avant de trouver le chemin des disquaires de centre-villes, la chicha est née dans les milieux modestes du Pérou, précisément dans les cités des Andes, c’est donc un genre de musique porté par des musiciens venu des montagnes, sortis de la ruralité et descendu dans les villes à partir des années 50. Le genre adopte le surnom “Chicha” en référence au nom d’une boisson que buvaient ses populations indigènes des Andes. Ces populations, elles, récolte le surnom péjoratif cholos, que l’on pourrait traduire par ploucs ou gueux.
C’est à partir du milieu des années 60, dans un moment unique de fusions des cultures entre les Péruviens de la campagne qui s’installent aux abords des grandes agglomérations, dans des bidonvilles appelés “barrios bajos”. Deux modes de vies se rencontrent, ce qui entraine un choc des cultures, dans la société péruvienne, et dans le cerveau de Juan Campos Munoz, issu de la ville, qui découvre la chicha et son patrimoine à ce moment-là
Séduit par ce courant, il démocratise et popularise la Chicha, en l’enregistrant en studio, en la publiant sur son label et en la diffusant en radio. L’éditeur contribue ainsi à un mouvement de fierté populaire chez ses populations venues des parties plus modestes du pays et consolide dans les années 70 un genre présent depuis les fifties.
Disco De Oro
Avec Discos Horóscopo, Campos Muñoz porte une voix du peuple en marge de l’industrie musicale à l’époque. Et cette voix à des choses à dire. De 1970 à 1990, le label produit la plus grande vague de Chicha au monde, avec des groupes depuis devenus cultes comme : Chacalón y La Nueva Crema, Los Shapis ou Pintura Roja.
Toutes ces formations s’approprient un style unique capable de parler à la fois d’amour et de déracinement, de chômage, de lutte des classes, de violences internes et d’amours impossibles, des thèmes qui résonnent particulièrement chez ses populations qui ont fait le choix de se déplacer pour aller trouver de meilleures opportunités. Cet écho, chez les classes populaires, va permettre à la Chicha de se populariser à l’échelle nationale, continentale puis mondiale.
Dernière preuve en date, des décennies après que les premières galettes de Discos Horsosocopo soient entrées en rotation, le label belge Rebel Up! assemble la compilation “Chicha Popular : Love & Social Political Songs from Discos Horoscopo 1977-1987”, qui met en lumière le catalogue de la maison de disque culte de la Chicha.
Cette somme de morceau s’applique à mettre en avant les thématiques principales abordées par les artistes du courant artistique, la passion, parfois enflammée par l’éloignement, et la revendication politique, motivée par un contexte social pas toujours réjouissant. C’est déjà disponible sur le Bandcamp du label Rebel Up, pas besoins de tamponner son passeport pour le Pérou pour en profiter.