Francis Joyon, 62 ans, les a tous coiffés au poteau. Enfin à la bouée d’arrivée.
La Chronique Sport, c’est tous les mardis à 8h45 dans Pour que tu rêves encore, la matinale de Radio Nova, et c’est signé Barnabé Binctin.
Un final haletant et une grosse surprise : François Gabart, dit le « petit prince des océans », qui avait mené toute la course en tête depuis le départ, s’est fait coiffer au poteau ou plus précisément, à la bouée d’arrivée…
Dans la toute dernière ligne droite, il s’est fait dépasser par Francis Joyon dans une arrivée en mode « slow motion ». À cause d’une pénurie de vent, les deux skippers, qui étaient presque côte-à-côte sur les derniers mètres, ont mis du temps à terminer le parcours. Au final, seules 428 secondes les ont séparés. Et franchement, quand vous venez d’affronter l’Atlantique, en faisant 8 000 km tout seul, perdre pour 428 secondes, c’est un peu dur.
Pour se rendre compte du retour énorme de Joyon (en rouge) sur Gabart (en bleu) ces huit dernières heures à quelques milles de l’arrivée de la Route du rhum #RDR2018 pour un finish extrêmement serré pic.twitter.com/PqV4QAcl8c
— Benoît Furic (@benoitfuric) November 11, 2018
Mais figurez-vous que ce n’est pas l’arrivée la plus serrée de l’histoire de la Route du Rhum. Marie Misset vous racontait récemment cette « Histoire Vraie », il y a 40 ans, Mike Birch franchissait la ligne d’arrivée seulement 98 secondes avant son concurrent le plus proche. Sauf qu’à l’époque, il avait mis 23 jours pour faire la traversée. Francis Joyon, lui, a bouclé la route du rhum en 7 jours 14h et 22 minutes.
C’est d’ailleurs le nouveau record, d’autant plus marquant que François Gabart, qui est un ancien ingénieur, naviguait, lui, à bord d’un bateau hyper-moderne : un maxi-trimaran immense, 32 mètres de long, avec 650 mètres carrés de toile (soit plus de trois fois la superficie d’un court de tennis). Une bête qui lui permettait de faire du 45 nœuds – soit plus de 80 km/h, d’où le surnom de ces bolides: « les Formules 1 des mers ».En réalité, il vaudrait mieux parler de « Falcon des mers », car ces bateaux sont en fait capables…de voler, grâce à des sortes d’ailes, des « foils », sous la coque, qui permettent au navire de s’élever au-dessus de l’eau pour aller encore plus vite.
Certains parlaient déjà d’une « nouvelle ère » pour la voile… Sauf que l’innovation n’a pas vraiment fait ses preuves. Francis Joyon, vieux loup de mer de 62 ans, a dépassé la ligne d’arrivée sur un bateau de 12 ans d’âge, qui en est à sa troisième victoire, d’affilée, sur la Route du Rhum. D’ailleurs, le vainqueur a joué les faux-modestes, à l’arrivée, déclarant : « Je n’ai pas de mérite, le bateau gagne à chaque fois ».
Comme quoi, la technologie ne fait pas tout, il faut de l’expérience aussi – et c’est ce qui a aidé Francis Joyon dans ses toutes dernières manœuvres, à la fin. Et puis, cette histoire, c’est un peu la morale du Lièvre et de la tortue, version transatlantique : rien ne sert de voler, s’il n’y a pas de vent !
Visuels © Getty Images / Nora Carol Photography, Twitter / Francis Joyon