Des albums, il en sort désormais 2520 par semaine (chiffre approximatif). Pour vous aider à faire le tri, voici la sélection hebdo de Radio Nova des albums à ne pas louper.
Flavien Berger, Dans cent ans (Pan European Recording)
Après un long EP cosmique et ultra-inventif (Mars Balnéaire), un premier album aqueux et néanmoins tubesque (Léviathan), une ode aux nostalgies qui ne font pas tant de mal (Contre-temps) et une série de mixtapes folles et très expérimentales (Contrebandes 01 ou De la friche), voici, pour Flavien Berger, un troisième album (officiel). Quelques tubes ont déjà circulés sur Nova, vous les connaissez (“Feux follets”, “D’ici là”). Le reste de l’album est bonifié par un titre longiligne, changeant, pré-sommeil et post-rêve, qui rappelle les débuts de l’autre Berger de la pop française (ce qui savent se rappellent “Océan rouge” ou “Léviathan”). Cette évasion se nomme “Dans cent ans”(comme l’album), morceau où la boucle est maîtresse du temps et où les quinze minutes qui le forment pourraient, avec la même efficacité, durer, disons, 100 ans. Titre qui rejoint une discographie presque-parfaite où l’efficace, miracle épiphanique, a autant de place que l’audace.
M83, Fantasy (M83 Recording Inc. / Virgin Records France)
Épiphanie, encore, avec la pop cosmique, galactique, fantasmagorique (vous pouvez trouver d’autres adjectifs en « ique », si vous voulez) de M83, dont le tube « Midnight City » car trop diffusée partout est désormais difficilement audible, mais qui revient avec un album de haute facture où la pop prend des allures de vaisseau spatial à la découverte d’univers inconnu. Rien que ça, ouais. Avec Anthony Gonzalez dans le rôle d’un Thomas Pesquet qui serait finalement allé plus loin que prévu, et qui retombe sur ses pas après quelques égarements discographiques. Les erreurs, on a le droit de les faire, c’est ok. Tant qu’on les répare à un moment ou à un autre.
Yves Tumor, Praise A Lord Who Chews But Which Does Not Consume; (Or Simply, Hot Between Worlds) (Warp Records)
Autre disque absolument fascinant, celui que dévoile aujourd’hui l’Américain Yves Tumor, qui propose un quatrième album où le rock emo rencontre le rap, la transe, la new-wave, les nappes de dream pop qui virent parfois au cauchemar. Très gros écart entre des dingueries schizophréniques comme « Purified by the fire » ou « Good Circle » et des balades plus pop comme le très touchant « Lovely Sewer », témoin d’une agilité d’écriture et d’une ouverture d’esprit pas si commune que ça. Bravo, on y replonge.
Unknown Mortal Orchestra, V (Jagjaguwar)
Autre disque remarquable de la semaine, celui que sortent les Néo-zélandais d’Unknown Mortal Orchestra, auteurs d’un cinquième album (qu’ils ont donc nommé V) où la pop regarde du côté du funk à guitare (« The Garden »), du psychédélisme tameimpalesque (« Meshuggah »), du jazz percussif (« The Widow ») de bizarreries qui partent de quelque part (« In The Rear View ») sans exactement savoir où elles vont. Rien d’important, puisque ce qui compte, et cela les aventureux le savent, c’est toujours bel et bien le chemin.
Derya Yıldırım & Graham Mushnik, Hey Dostum, çak ! (Bubak / Big Wax Distribution)
Enfin, vous qui êtes amatrices et amateurs de musiques différentes, laissez-vous bercez par ce disque sensible de la chanteuse turque Derya Yıldırım, vue souvent aux côtés du quartet Grup Şimşek mais qui s’appuie cette fois exclusivement sur le Français Graham Mushnik pour livrer une version très personnelle de berceuses et chansons populaires turques. Un album pour les anciens, pour les nouveaux (nés ?), pour celles et ceux qui sont entre deux-âges et surtout, celles te ceux qui sont entre mille mondes.