Le mot de la semaine, expliqué par Marie Misset.
En ce temps de marées de gilets jaunes, il est important de savoir de quoi on parle. Heureusement, chaque vendredi, dans Pour que tu rêves encore, la matinale de Nova, Marie Misset décortique Le Nouveau Mot de la semaine. Ce 16 novembre, ce mot était « autosolisme ».
« Autosolisme », c’est un néologisme formé de auto et solo, en gros. Il désigne le fait d’être tout seul dans sa voiture, et s’emploie sur Twitter dans des phrases telles que « La vraie plaie, au fond, c’est l’autosolisme ».
Attention, on n’a pas affaire à n’importe quel mot, puisqu’il figure dans le Dictionnaire des mots nouveaux sciences et techniques depuis 2002. Par contre, le site officiel du Scrabble est très clair, « Autosolisme » n’y est pas accepté. Tout comme il ne devrait pas être accepté en centre-ville, d’après beaucoup de spécialistes de la mobilité. Pour vous donner des chiffres, 17 millions de personnes prennent la voiture tous les jours pour aller au boulot et 75% d’entre eux pratiquent l’autosolisme. Ça fait 12 750 000 voitures avec un autosoliste dedans tous les matins.
À mot nouveau, solution moderne
Dans beaucoup de villes de France se développent des applications locales de partage de voitures en temps réel. Hupp, à Nice, par exemple, mais aussi Ridygo, Roulezmalin, Ouihop, Less, Covivo… Mais bon, jusqu’ici, soyons honnêtes, ça ne cartonne pas vraiment.
Le problème, en ville, c’est que l’autosolisme est un petit plaisir solitaire. De la même manière que les toilettes se révèlent, selon toutes les études récentes, être l’endroit où on est un peu seul et où on peut faire le point. Les trente minutes de solitude en voiture relèvent pour certains de la santé mentale, le seul endroit où ils peuvent se curer le nez, par exemple.
Et puis l’autosolisme rappelle aussi la fracture ouverte rat des villes / rat des champs, déjà en germe dans le mouvement des gilets jaunes. Quand on s’éloigne des villes, l’autosolisme n’est pas toujours un égoïsme. Comme en témoigne justement Paul, dans un article de Médiapart consacré aux gilets jaunes. Paul qui trie ses déchets, fait du compost, aime la planète et habite dans l’Orne : « J’habite dans un hameau, je vais bosser en ville, je vais covoiturer avec qui, un chevreuil ? »
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