Les deux filles de Juicy sortent un nouveau clip, drôle et politique.
Un garçon, genre d’Indiana Jones avec le sex-appeal en moins, semble parvenir à ses fins au sein d’une forêt épaisse, au moment où il tombe sur cette statue faite de pierre, phallique et géante, bâtie afin de donner une image de marbre à l’appareil de reproduction masculin. De son sac, il sort une autre statue, plus petite cette fois, qui représente, elle aussi, le membre que possèdent entre leurs jambes la plupart des garçons. Pourvu d’un manuel explicatif, il engouffre ce sexe fait de pierre dans une fente, également faite de pierre. Sur son manuel, trois mots (« Sex Power Magic »), et dans son cœur, un espoir : celui de devenir le détenteur, lui aussi, de ce pouvoir sexuel promis par le manuel. Sauf que la promesse, et on le comprend relativement rapidement, était un piège. Et ce sortilège, plutôt que d’avoir le même effet sur lui que celui de la pub pour le déodorant Axe, attire au contraire deux amazones joueuses et agressives, bien décidées à séparer du reste de son corps ce membre qu’il avait initialement décidé de flatter…
Ce pitch-là, c’était celui de « Count Our Fingers Twice », le premier clip de Juicy, où le duo de bruxelloises – qui s’étaient d’abord fait connaître grâce à leurs reprises bien senties des classiques du R&B des années 90 avant de proposer leurs propres productions – s’imposaient comme les figures provocatrices et castratrices d’un R&B qui inversait les codes d’un R&B macho, sexiste et caricatural.
Après un passage tôt le matin dans Plus Près De Toi, et après un passage en ouverture d’une Nuit Zébrée parisienne, le duo arbore, une nouvelle fois, les habits des sirènes prêtent à démolir les petites gueules des marins qui auraient osé s’aventurer trop près de leurs rivages. Ici, c’est donc le clip de « GHB » – aka la drogue du violeur – qui met en scène la vengeance meurtrière de filles qui ont décidé de se souvenir de cette soirée où l’entrée des corps aurait été légèrement forcée par des garçons peu scrupuleux. Franchement drôle et franchement engagé, le clip, réalisé par Marion Castéra, rappelle une nouvelle fois celui qu’avait proposé le duo Mrzyk & Moricea pour Jackson & His Computer Band (le morceau « G.I. Jane ») et rappelle l’audace d’un tandem qui avait sorti il y a quelques mois son premier EP, Cast A Spell.
« Je voulais trouver un langage qui permette d’allier le trash et l’humour, d’où l’utilisation des animations dans le clip. Tout ce qui est violent intervient en dessin. Mon intention sur ce clip est de raconter une histoire en restant visuel et léger », dit Marion Castéra. Mission accomplie.
Visuel : (c) capture d’écran du clip