Servi dans une poche en plastique, avec la mention « product », le premier disque des Buzzcocks assumait d’être un produit de consommation comme un autre.
L’histoire des Buzzcocks permet de se rendre compte du mélange d’impulsivité et d’instabilité qui caractérisé le punk des années 70 en Angleterre. Le groupe s’est formé en quelques semaines, dans le but de pouvoir jouer aux côtés des Sex Pistols, et avant leur premier album, ils avaient eu le temps de changer plusieurs fois de formation, suite à des scissions en interne.
Ce qui est marrant, chez les Buzzcocks, c’est qu’ils ont la conscience que leur musique punk, aussi contestataire soit elle dans l’esthétique, et dans sa place dans la société, n’est qu’un produit de consommation comme un autre. Au fond, leurs disques, en tant qu’objets, ne sont pas bien différent des albums les plus commerciaux des rayons. Cette idée d’être un produit s’incarne sur le packaging du disque. Les premières copies ont été livrées enveloppées dans un sac en plastique gris, comme un petit sac de courses qu’on nous donne en caisse. Sur ce sac est imprimé le logo des Buzzcocks en orange, avec en plus la mention « product ».
Another Music In A Different Kitchen a aussi son numéro de série (UAG 30159) comme s’il n’était qu’un modèle sorti d’une usine, une usine qui serait l’industrie du disque dans son ensemble. C’est bien vu, même si un vinyle peut contenir des messages anticapitalistes ou antisystèmes, il est tout de même produit dans un système, pressé dans une usine, et commercialisé dans une logique de profit.
C’était d’ailleurs ce constat qui a poussé (en partie), l’un des fondateurs du groupe, Howard Devoto a quitté le groupe avant la publication de cet album, en expliquant que le punk en tant que mouvement l’ennuyait (il voulait aussi poursuivre ces études et a finalement monté un autre groupe, mais c’est une autre histoire).
Donc là, on parle tout de même d’un album d’un groupe dont le chanteur et fondateur s’est barré avant, pour le remplacer, ils se mettront à trois sur les vocalises. Esprit nevermind, on se débrouille, on s’en moque, en exemple avec ce morceau « I Don’t Mind ».