Avec Crimewave, Crystal Castles offrait un remix si transformateur qu’il en devenait quasi impossible de le lier au morceau d’origine.
Dans les années 2000, un groupe de musique électronique, Crystal Castles, apparaît sur un blog de partage de musique (MySpace). Les deux membres du groupe, Alice Glass et Ethan Kath, étaient bénévoles dans un groupe de lecture pour aveugles à Toronto au Canada et se sont liés d’amitié autour d’un sujet commun, la musique.
Crystal Castles
À l’époque, beaucoup soupçonnaient que le nom du groupe était inspiré d’un jeu d’arcade des années 80 portant le même nom. Quelques indices allaient dans ce sens, en particulier le style de musique électronique qu’ils proposent, le chiptune (l’utilisation de sons produits synthétiquement par des puces de jeux vidéo) et surtout l’utilisation de sons provenant de la console Atari. Cependant, le groupe s’en défendait, simplement parce qu’ils n’aimaient pas les jeux vidéo.
Leur nom, Crystal Castles, provient d’un dessin animé dans lequel l’héroïne se réfugie dans un château de cristal. À première vue, on pourrait imaginer que leur musique nous transporte dans un univers féérique, fait de rêves et de licornes. Mais en réalité, pour définir leur musique, les Crystal Castles expliquent d’un ton détaché : « C’est comme si le vomi pouvait chanter ». C’est certainement une manière de se moquer de ceux qui veulent enfermer toutes les musiques dans des cases, et tout définir. Cependant, il y a tout de même quelque chose d’intéressant là-dedans, comme essayer de comprendre ce que les sons que l’on rejette et qui sont d’apparence brouillonne pourraient nous dire.
Crimewave
Un morceau qui illustre ce côté confus de leur musique est « Crimewave », sorti sur leur premier album Crystal Castles. Alice et Ethan ont élaboré ce futur tube à partir d’un morceau de rock noise du groupe Health. Le disque alterne entre des riffs de batterie, de guitare et des séquences quasiment bruitistes. Les Crystal Castles ont tellement remanié le morceau en y ajoutant des touches personnelles qu’on ne peut plus du tout faire le lien entre les deux. Même les connaisseurs auraient du mal à faire le rapprochement entre l’original et le remix des Canadiens.
Leur tube « Crimewave » est une incarnation parfaite de ce qui est considéré comme un remix d’un morceau à l’apparence désordonnée que beaucoup d’oreilles rejetteraient. Cette capacité à chanter, à reprendre quelque chose de bruitiste déjà existant et à en faire un tube pop, voilà bien une qualité que le groupe n’a pas acquise sur l’Atari.