Des albums, il en sort désormais 2520 par semaine (chiffre approximatif). Pour vous aider à faire le tri, voici la sélection hebdo de Radio Nova des albums à ne pas louper.
Londron Brew (Nubya Garcia, Shabaka Hutchings, Theon Cross, Tom Skinner, etc.) (Concord Jazz)
Un disque hommage, d’abord, témoin d’une sacrée confiance en soi de la part d’un crew venu du sud-est de Londres (Nubya Garcia, Shabaka Hutchings, Theon Cross, Tom Skinner) qui se paye l’audace de revisiter… le Bitches Brew de Miles Davis ! Ce disque de 1970, devenu l’un des classiques du jazz psychédélique, progressif, expérimental, passe sous la moulinette, plus moderne (tant qu’à faire), d’une équipe qui ne tombe pas dans la déférence copiste et parvient à offrir une nouvelle naissance à un disque-monde à considérer, cette fois, du côté de Londres.
B. Cool-Aid, Leather Blvd. (Lex Records Ltd.)
Pour rester cohérent, enchaînez l’écoute de London Brew et celle de Leather Blvd., second album du duo californien B. Cool-Aid (alliance, alternative, du rappeur Pink Siifu et du procureur Ahwlee), qui enroule son rap, déjà groovy, d’une couette jazzy et vaporeuse qui berce, rassure, accompagne un disque de plus d’une heure où la créativité du duo est poussée, aussi, par un nombre important de featurings. En lead sur le disque : l’excellent single « Wassup », avec Debin Morrison, Pher Turner et MoRuf.
Nick Waterhouse, The Fooler (Innovative Leisure)
Dans un autre genre et toujours depuis la Californie sort aussi cette semaine le nouvel album de Nick Waterhouse, qui raconte, dans The Fooler, l’histoire d’une ville imaginaire et de ses habitants qui le sont donc tout autant. Tout vient de l’imagination de Nick (et peut-être un peu de son vécu, comme toute personne ayant l’ambition de créer quelque chose), qui poursuit sa défense d’un Rhythm ‘n’ blues oldy dans lequel le rock se joue les cheveux gominés, les bottines pointues, les allures de garçon sauvage au cœur sensible. Depuis la Géorgie, du rock qui se rappelle celui des anciens. Et qui embarque dans sa course de nouveaux adeptes.
Vanzo, Vanzo
Star du “Futur Roots” jamaïcain (du reggae roots avec une production 2023), Vanzo raconte la dure vie des ghettos de Kingston, les accrochages avec les flics en civil ou en uniforme, les vieux qui peuplent les ruelles et aident les gosses à ne pas se laisse aller aux mêmes écueils. Dans un disque éponyme, retenons avant tout le morceau “Officer”, qui raconte la peur du représentant de l’ordre lorsque l’on a été confronté, à un moment ou à un autre, à la rigidité de son esprit, de sa cuirasse, de sa matraque. “Why am I afraid a yuh, why am so scared just to talk to yuh?”. Ou comment éructer les traumas par le biais de la création, par le biais du reggae.
Altın Gün, Aşk (Glitterbeat Records)
Et puis, le nouvel Altın Gün, ce sextet turco-néerlandais qui continue de rendre hommage, depuis Amsterdam, à “l’âge d’or” (“Altın Gün” en langue turque) qui a vu, du côté du Bosphore et dans les années 70, émerger une musique qui mélangeait la poésie des musiques folkloriques locales et l’efficacité, alors très moderne, du rock anglo-saxon (progressif, folk, psychédélique…). Après On, Gece et Yol, voici Aşk, nouvelle démonstration de l’audace inhérente à cette formation qui fait une fois encore se rencontrer plusieurs époques et plusieurs mondes et ajoute des épices groovy, et même disco (la clôture du disque) à des morceaux empreints d’un mysticisme endémique. Classique en devenir, le titre “Su Sızıyor”, reprise du musicien Sabahat Akkiraz et alliance parfaite de l’émotif, du dansant, du poétique. De ce que l’on aime ici, de ce côté-ci du monde, sur Radio Nova.