Le label écossais Optimo Music réunit un bouquet enflammé de punk anarchiste prêt-à-lancer dans les hauts parleurs des prochaines mobilisations sociales.
Chaque courant, aussi contestataire soit-il, tient son penchant radical, plus extrême dans l’esthétique, ou dans les idées. C’est le cas même pour les mouvements qui se placent déjà à l’extrémité, comme le faisait le punk vis-à-vis du rock. La décennie 70 voit donc naitre le punk et sa branche jusqu’au-boutiste, l’anarcho-punk. Après 10 années de boulot et de chinage, les pontes du label écossais Optimo Music dévoilent une compil’ qui réuni la fine fleur de ce punk anar.
Punk, produit comme un autre
Pourquoi créer un versant anarchique du punk, le genre, dans les messages anti-systèmes qu’il véhicule, est déjà un totem anti-consommation, que l’on pourrait rapprocher de la philosophie anarchiste. Pourtant, le punk a beau garder une volonté de bousculer les systèmes, la plupart des avatars du punk vont choisir de rentrer dans le catalogue de maisons de disques et de majors déjà bien établies, comme EMI music.
En gros, le punk ne devient qu’un produit de plus dans les rayons de la grande distribution. Les vinyles de leurs stars sont pressés massivement, dans une logique d’industrie. Le système a fini par engloutir les idées du punk, ce qui va proprement dégouter une partie de la scène pour qui le message prime sur le succès, et même sur l’esthétique.
C’est pour se désolidariser de cette tranche-là qu’une partie des acteurs du mouvement punk décide de s’en écarter, ou plutôt de prôner un retour à l’essence des valeurs du punk. La débrouille, le Do it Yourself, et les modes de productions et de réalisation alternatifs. Un des slogans phares est d’ailleurs « DIY not EMI », qui marque l’envie de s’éloigner des maisons de disque, et être le plus autonome possible.
Cease & Resist
Le courant anarcho-punk intègre des propositions artistiques qui s’éloignent de plus en plus du son punk à la Buzzcocks. De l’Electronic Body Music ou du Synth-pop, tant que le mode de production s’inscrit dans une logique autonome, un artiste peut revendiquer son appartenance au mouvement, encore une fois le message prime sur l’esthétique. Punk désigne une manière de faire plus qu’un son décelable à l’oreille. Avec la compilation « Cease & Resist – Sonic Subversion & Anarcho Punk In The UK 1979-86 », le label Optimo Music illustre justement toute la diversité de cette vague, en se concentrant toutefois sur le Royaume-Uni, et sur la période 1979-86, alors que l’anarcho-punk continue d’inspirer de nos jours, et ne s’arrête pas aux frontières UK.
Poison, Crass ou Zounds cotoient donc The Mob, ATV ou Chumbawamba (vous vous rappelez Tubthumbing), dans une somme de 18 pistes qui contient quelques mixes exclusifs. Les recettes de la compilation iront remplir les caisses du Faslane Peace Camp, un bastion de résistance anti-nucléaire, installé depuis 1982 près de la base navale de Faslane, occupé depuis plus de 40 ans. Avec Cease and Resist, on a donc un aperçu de leur bande son.