Quand King Krule passe à la production, il devient Edgar The Beatmaker
Voix rocailleuse, guitariste pâle aux cheveux roux, chemise manche longue et fumée qui s’échappent entre les lèvres, c’est le portrait robot de King Krule, silhouette apparue en 2011 avec un disque éponyme sorti chez True Panther Sounds. En 2023, le retour du Zoo Kid est imminent. Son album Space Heavy arrive en juin, et quelques montreuillois ont pu témoigner de son retour sur scène lors d’un concert discret à la Marbrerie en mars dernier. L’occasion révée pour nous de se replonger dans un de ses projets méconnus, sorti sous un nom d’emprunt, dans les tréfonds de Bandcamp, il y a une décennie de cela.
Quand il n’empoigne pas sa gratte ou n’est pas occupé à arrêter le temps avec son micro, King Krule s’enferme dans sa chambre loin de la lumière pour composer des productions hip-hop léchées. Archy Marshall (nom au civil de King Krule) construit une identité alternative autour de cette pratique : Edgar The Beatmaker, alter ego producteur, représenté par une pochette d’album illustrée d’un personnage qui semble tout droit sorti d’un comic-book où les animaux portent des costards et ont des boulots d’humains, comme inspecteur, barman ou beatmaker.
Darkest Shade Of Blue, seul vrai opus complet d’Edgar the Beatmaker est sorti il y a 10 ans tout pile sur Bandcamp, après quelques projets cryptiques où il expliquait que ces sons étaient produits avec son frère, dans une chambre, en attendant le diable. Bien moins sombre dans la réalité, le beatmaker est passé en 2016 chez Boiler Room pour une performance live, avec un bonnet en forme de poisson sur la tête, accompagné de quelques potes rappeurs (l’irlandais Rejjie Snow y glisse quelques mots) dans une salle à la lumière rouge.