Un morceau carcéral à l’humeur joyeuse, à une époque où les histoires de rockstar incarcérée étaient monnaie courante.
Faire une chanson joyeuse qui parle de prison, c’est l’idée un peu saugrenue qu’a eu Rod Argent, parolier du groupe The Zombies pour leur morceau « Care of Cell 44 » qui ouvre l’album Odessey and Oracle, paru en 1968. La pop est garnie de chansons tristes recouvertes d’un vernis joyeux. Reprendre la thématique très récurrente d’amoureux séparés, impatients de se retrouver, pour la calquer sur l’histoire d’une personne qui écrit à sa moitié emprisonnée, avant qu’elle soit enfin libérée, c’est par contre assez inédit et audacieux.
Les paroles ne nous apprennent pas ce qui a vraiment inspiré ce morceau, ni de quel crime est accusé la personne derrière les barreaux. On peut par contre dire qu’à l’époque les histoires de rockstars ramassées dans le panier à salade étaient courantes. Parmi les exemples les plus fameux, Jim Morrison des Doors s’était fait arrêter en pleine performance, suite à une altercation avec un policier avant son concert. Carl Wilson des Beach Boys avait aussi fait un petit séjour en cellule, tout comme John Lennon, des anecdotes bien dans la tête du public des Zombies. On peut supposer que ces aventures de rockstars en prison et les lettres de fans qu’ils recevaient, ont guidé la plume de nos Zombies.
Le groupe croit beaucoup en « Care of Cell 44 ». On les comprend, le morceau est entrainant, proche de l’ambiance de « Pet Sounds » des Beach Boys, immense succès critique et populaire, paru 2 ans plus tôt. Le single carcéral ne va cependant pas être à la hauteur de leurs espérances, pire, c’est un échec à sa sortie, tout comme l’album, ce qui va entrainer une séparation prématurée du groupe la même année.
Colin Blunstone, au micro sur ce morceau, va se reconvertir après ce disque dans un boulot bien moins rock’n’roll, bien plus costard cravate et réveil à 8 h. L’ex-chanteur bosse dans un bureau de police d’assurance londonien, spécialisée dans les cas de cambriolages, donc pas trop loin de la criminalité et des peines de prison. De chanter les amours des prisonniers à assurer des victimes de cambriolages, il n’y a que quelques mois et une chanson.