Et voilà, encore un truc sur lequel les Suédois sont les meilleurs.
La Chronique Loin, une actualité culturelle de partout sauf en France, c’est tous les lundis à 8h45 avec Clémentine Spiler dans Pour que tu rêves encore, la matinale de Radio Nova. Vous pouvez lire la chronique de ce lundi ci-dessous, ou bien l’écouter, en podcast.
On le sait, la Suède se place toujours parmi les meilleurs en termes de compétitivité, de confort de vie, d’éducation. Mais la semaine passée, le Guardian en a rajouté une couche. On apprenait dans un article du quotidien anglais, que la Suède dispose désormais d’une « Armée de l’amour » sur les réseaux sociaux. Malgré toutes les bonnes références de la Suède, le pays n’est pas exempt d’un phénomène global : le cyber-harcèlement. Sauf qu’en Suède, un mouvement s’est créé en réponse.
« Jagärhar », littéralement « Je suis là », n’est pas seulement le nom de club le plus culte de l’univers, c’est aussi un concept innovant. Ses membres, réunis dans un groupe Facebook, utilisent les mêmes techniques que les trolls que l’on croise habituellement sur les réseaux, c’est-à-dire prendre d’assaut des conversations, mais ils le font pour répandre l’amour.
Premier fait d’armes notable
Tout a commencé en 2017, lorsque Linnéa Claeson, une avocate suédoise, gagne le prix de l’avocate de l’année. Elle défend des femmes victimes de violences sexuelles, affiche ses convictions féministes et arbore par ailleurs un style capillaire absolument incroyable.
Fin 2017, en pleine affaire Weinstein, Claeson est tout sauf conventionnelle et elle se retrouve sur la plus haute marche du podium. Naturellement, s’en suit un torrent d’insultes sur ses divers réseaux sociaux, des informations personnelles mises en ligne et même des menaces de mort. En soi, le quotidien de n’importe quelle militante féministe avec un tant soit peur de visibilité, direz-vous. Mais en cette fin d‘année 2017, il se passe quelque chose d’inattendu. Linnéa Claeson voit tout à coup s’afficher un autre genre de message : des remerciements pour ses combats, des félicitations pour son courage, et tout un tas de messages qui la placent en symbole du combat contre le cyber-harcèlement. À partir de là, un phénomène s’enclenche, de plus en plus de personnes rejoignent le mouvement Jagärhar.
Mais que fait la police
Depuis, même si la fondatrice du mouvement, la journaliste suédoise Mina Dennert, dénonce un emballement médiatique à l’époque de #MeToo et un délaissement par la suite, le groupe Jagärhar sur Facebook compte toujours 75 000 membres. Une initiative citoyenne qui tente de pallier l’inaction du gouvernement. Enfin quelque chose qui cloche avec la Suède. Mais pour le coup, la problématique est globale. Partout dans le monde, la loi a du mal à s’adapter au cyberharcèlement et aux problématiques digitales. Et donc, partout dans le monde des collectifs, des associations, des ONG tentent de protéger les populations les plus touchées par le cyberharcèlement (les populations non-blanches, les femmes, les communautés LGBT, les enfants) et font un travail de pédagogie, de lobbying, auprès des législateurs.
Au Royaume-Uni, les lois évoluent progressivement selon le Guardian. En Russie, le gouvernement est fortement soupçonné de payer des armées de trolls qui propagent sciemment haine et fausses informations. En France, Marlène Schiappa a annoncé une loi contre le cyberharcèlement en 2019. Et puis il y aussi des pays où les trolls font la loi. En Chine, le « Human flesh search engine » (littéralement le moteur de recherche de chaire humaine) recense les criminels depuis 2001, pour permettre de les traquer et de les harceler en ligne, afin de leur faire payer leurs mauvaises actions.