La rappeuse vient de faire son entrer au Songwriters Hall of Fame. Reza Pounewatchy fait son portait pour Néo Géo.
La rappeuse et chanteuse Missy Elliott vient de faire son entrer au Songwriters Hall of Fame. Reza Pounewatchy fait son portait pour Néo Géo.
Avec six albums studio à succès en près de trois décennies, 30 millions de disques vendus dans le monde entier et cinq Grammy Awards, Missy Elliott est l’unique rappeuse à cumuler ce genre de chiffres. Sans parler de ses nombreuses collaborations avec ses confrères et consoeurs du hip-hop, du R&B, de la pop (Beyoncé, Mariah Carey, Pharrell, Aaliyah, Whitney Houston, P. Diddy…)
Success-story à l’américaine
Mais il n’y a pas que les chiffres et les gros noms qui comptent. Les organisateurs du Songwriters Hall of Fame ont également affirmé, en intégrant dans leurs rangs la rappeuse, vouloir récompenser « l’une des femmes les plus importantes de l’histoire de la musique contemporaine ». Et quand on s’intéresse au parcours de Missy Elliott, on se rend compte que l’on n’est pas loin d’une success-story à l’américaine, avec son lot de luttes, de travail acharné et de drames, un parcours qui rend son succès d’autant plus méritant.
Tout démarre il y a quarante-sept ans dans l’État de Virginie. Melissa Arnette Elliott est la fille unique d’un père militaire et d’une mère employée de bureau. Elle est excellente élève, mais également boutre-entrain, et rêve de devenir chanteuse. Mais le chemin n’est pas sans embuches. Le père de Melissa est violent, et son cousin abuse d’elle de ses huit à ses seize ans… Entre-temps, l’adolescente quitte avec sa mère le domicile familial, et se réfugie, pour de bon, dans la musique, dans les années 90.
Le succès vient alors pour Missy Elliott aux côtés de son frère de son, le producteur Timbaland. Avec lui, elle sort son premier album Supa Dupa Fly, en 1997. Le hip-hop US est alors en deuil après les morts de 2-Pac et de The Notorious B.I.G., signe que le rap hautement chargé en testostérone doit laisser place à plus de fraîcheur et de légèreté, ce dont Timbaland et Missy Elliott vont se charger de représenter.
Instrumentaux saccadés, samples de tablas, touches électro, clips savamment chorégraphiés, et une imagerie colorée et loufoque : Missy Elliott devient vite une incontournable icône, féministe et drôle. Elle a compris le rôle qu’elle devait jouer dans cette cour du rap : celui d’une femme forte, indépendante, qui n’a pas sa langue dans sa poche, et qui n’hésite pas à s’en servir, surtout pour rallier et reprendre à son compte les clichés machistes. On se souvient notamment du titre « One Minute Man », où elle dit refuser dans son lit des éjaculateurs précoces… De quoi inspirer, plus tard, des rappeuses plus jeunes, comme Princess Nokia ou même, chez les hommes, un rappeur comme A$AP Rocky ou Vince Staples.
Pendant quelques années, Missy Elliott se fait plus rare des scènes et des studios. La faute à la maladie de Basedow, qui affecte la thyroïde. Guérie, elle fait son retour depuis 2015 aux côtés de Katy Perry, pour le show du Super Bowl. En attendant un nouvel album, la cérémonie d’intronisation de Missy Elliott au sein de la Songwriters Hall of Fame aura lieu au mois de juin prochain, à New York.
Un texte issu de la chronique de Reza Pounewatchy pour Néo Géo.
Visuel (c) Getty Images / Jeff Kravitz/AMA2018