Avec cette exposition, le collectif Tout Reste à Faire redonne vie à des instruments de musique hors d’usage. En construisant des arthropodes animés et accompagnés de musiques insectoïdes, ces organismes habituellement si petits deviennent gigantesques et bruyants, une manière de mieux les comprendre.
Les insectes, petits animaux, objet du dégoût de ceux qui les connaissent mal, sont une source d’inspiration et de fascination pour d’autres. Avec son exposition Anima (Ex) Musica qui combine musique et monde vivant, le collectif Tout Reste à Faire propose de faire un zoom sur le monde de ces êtres minuscules qui nous entourent.
Recyclage
Pour l’exposition Anima (Ex) Musica, le collectif Tout Reste à Faire a rassemblé des instruments hors d’usages pour fabriquer des structures imposantes. Violons, guitares, clavecins, harmonicas et autres sources de son sont ainsi assemblées pour former des sculptures d’arthropodes, (insectes et crustacés) géants. Dans les couloirs des Champs Libres de Rennes, la mécanique reflète l’organique le temps d’une exposition.
Face à nous, un bestiaire musical plus vrai que nature composée d’insectes à l’apparence cyberpunk. Parmi ces créations sonores issues du recyclage, vous pourrez découvrir 2 pianos droits formant une sauterelle, une scolopendre fait d’assortiments de pianos, mandolines chinoises, accordéons, violoncelles et grelots à clochette, et d’autres créatures dont on peut retrouver les plans ici. Au total, 15 êtres faits de bois et de métal s’animent en musique sous les yeux des visiteur.euse.s émerveillé.e.s (ou apeuré.e. s).
Bestiaire utopique
Ce qui frappe quand on voit le travail du collectif, c’est le réalisme des bestioles. Un réalisme inquiétant renforcé par l’impression d’être face à des êtres vivants qui bougent quand le public s’en approche. En images sur le court reportage d’Arte, on peut voir leurs pattes s’agiter alors que les mandibules frémissent pour produire des petits sons. Le but de ce « bestiaire utopique » n’est pas seulement d’interroger, mais aussi de pousser le public à s’intéresser à la vie minuscule qui fourmille sous nos pieds, aux micro-mouvements des insectes qu’on ignore et au dérèglement climatique qui menace leur écosystème selon Mathieu Desailly.
En effet, cette exposition Anima (Ex) Musica, a aussi une dimension écologique dans sa réflexion. Les concepteurs se servent de ces instruments récupérés pour ouvrir une conversation avec les visiteurs sur ces êtres qui représentent 80 % du monde vivant. Accompagné d’ateliers où les membres du collectif fabriquent de nouveaux insectes à grand renfort d’instruments déstructurés et de matos de bricolage, on comprend en direct comment les artistes plasticiens travaillent et peuvent transformer un harmonica en mandibule de grillon.
Coréalisé par le plasticien Mathieu Desailly, le scénographe et constructeur Vincent Gadras, et le compositeur David Chalmin, l’exposition gratuite restera jusqu’au 3 septembre 2023 à Rennes, puis les insectes iront batifoler à Paris dès le 12 septembre 2023. Si vous ne pouvez pas vous y rendre, Arte y a consacré un reportage qui présente le travail de ce collectif.