En 2020, une mission allemande conçue par une société privée, embarquera à son bord un sanctuaire de l’humanité. On est allé poser quelques questions à l’un des ingénieurs à l’origine du projet Sanctuary.
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Alors qu’en juillet prochain, le monde célèbrera les 50 ans du premier pas de l’Homme sur la Lune, les missions spatiales robotisées se succèdent sur ce joli caillou.
La Chine a envoyé un rover sur la Lune, début janvier. Des missions indiennes et israéliennes vont encore se succéder cette année… Et en 2020, une mission allemande conçue par une société privée, avec à son bord, un sanctuaire de l’humanité : le projet Sanctuary.
Ça valait bien un coup de fil à Benoît Faiveley, ingénieur et porteur du projet.
En quoi cette mission se démarque des autres ?
Benoît Faiveley : Notre mission est un peu particulière. Déjà parce que c’est une mission où le secteur privé se mélange au secteur public. Et puis il y a un aspect tout à fait extraordinaire à cette mission c’est que c’est la première à vocation archéologique. On va se poser sur un ancien site Apollo pour en visiter les vestiges. On va déployer deux robots, qui seront télécommandés depuis la Terre, et l’on pourra voir le matériel qu’ont laissé les américains il y a près de 50 ans.
Enfin on va savoir si c’est vrai cette histoire d’Apollo 11, si ce n’est pas une mise en scène de la CIA à Hollywood ?
Benoît Faiveley : Il y a des gens qui continuent à douter. Quand j’avais 20 ans je faisais partie de ces quelques hurluberlus qui croyaient en la théorie de la conspiration mais en fait aujourd’hui plus aucun doute n’est possible. Les images satellites montrent que les américains sont allés sur la Lune, je pense que c’est un faux débat.
C’était aussi une fausse question. En quoi va consister ce travail d’archéologue sur la Lune ?
Benoît Faiveley : Ça va être de s’approcher de la Jeep lunaire qu’ont laissé les américains en 1972. Le dernier homme à avoir marché sur la Lune avait fait la promesse à sa fille de faire quelque chose pour elle, et quelques minutes avant de remonter pour la dernière fois dans le module il a décidé de prendre son marteau de géologue et de tracer les initiales de sa fille sur le sol lunaire. Comme la Lune est notre satellite naturel mais qu’il n’y a pas d’atmosphère, pas de tectonique, pas de vent, donc pas de pluie, pas d’érosion, et les initiales de la fille d’Eugene Cernan sont toujours là. Elles resteront sur place pour des milliers voire des millions d’années. Je trouve l’histoire très belle.
Le projet s’appelle Sanctuary car au delà du travail d’archéologue vous comptez déposer sur la Lune une mémoire de l’humanité. Ça rappelle d’ailleurs les disques envoyés dans l’espace par les sondes Pioneer et Voyager par la Nasa dans les années 70. Qu’est-ce que c’est que ce projet ?
Benoît Faiveley : On a un projet dont la masse fait à peu près 700 grammes, avec des contenus gravés sur des disques en saphir sélectionnés par un groupe de scientifiques qui réunit des astrophysiciens, généticiens, paléontologues, graphistes, ingénieurs etc. Ce groupe s’est mis au travail et s’est demandé ce qu’il serait intéressant de sauvegarder pour des centaines de milliers voire des millions d’années. On a décidé que sur ces disques en saphir on voulait absolument mettre la recette biologique de l’humanité à savoir les génomes d’un homme et d’une femme. C’est un symbole qui est extrêmement fort, puisque c’est la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’une espèce arrive à déposer sur la surface d’un autre monde sa recette biologique et pourra ainsi s’autosauvegarder pour l’éternité.
Les disques embarqués dans les sondes Voyager et Pioneer ont été imaginés pour les extraterrestres dans les 70’s et ils poursuivent leur course dans l’espace interstellaire. Cette fois, à qui est destiné le message ?
Benoît Faiveley : Notre message est un peu différent. Puisque la sonde reste dans la périphérie de la Terre, on s’adresse plutôt à nos descendants dans un très lointain futur. On s’est dit qu’on allait mettre la recette de ce qu’on est aujourd’hui, au XXIème siècle, mais aussi de la science et de l’art. Les contenus de Sanctuary seront révélés au moment où la sonde partira.
Suspense. Avant que les disques ne soient gravés au CEA de Grenoble, le comité scientifique se réunira encore une fois dans quelques jours pour finaliser ce condensé d’humanité.
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