Le documentaire « Somali Night Fever » raconte leur histoire.
Notre focus du jour raconte l’incroyable épopée de la musique somalienne. Et c’est vrai que lorsqu’on parle de somalie, ce sont souvent des images de désolation qui nous viennent en tête, et hélas, elles ont trop souvent supplanté l’incroyable culture qui émane de ce pays.
La Somalie c’est un monde musical sublime qui a été éparpillé et balayé par la guerre civile. Et c’est aussi l’histoire de trésors musicaux perdus, et d’une mémoire musicale qu’il est compliqué de reconstituer.
Dans les années 70 et 80, la Somalie – dont le gouvernement est proche de l’URSS – nationalise l’ensemble de l’industrie musicale. Et ce pendant une période où la scène locale est en pleine ébullition. Du coup, la quasi totalité des enregistrements sonores étaient menés par et pour la radio nationale et ces derniers n’étaient diffusés que via des émissions ou en assistant à des concerts. En gros, il n’existait pas de copies privées ce qui a donc limité sa diffusion.
Avec le début des années 90 vient la guerre civile, et le conflit armé entraîne une destruction de la radio nationale qui était une cible privilégiée des militaires. Et donc la perte de toute la mémoire musicale du pays. Seul un stock d’archives de plus de 10 000 cassettes et bandes a été préservé par des ingénieurs du son de la radio, des fous passionnés risquant tout pour sauvegarder cet héritage culturel pendant la guerre.
Ce stock a depuis été en partie re-découvert par des labels comme Ostinato Records, et ces musiques racontent quelque chose d’incroyable. Ce sont les histoires d’une région qui était la perle de l’Océan Indien, un carrefour commercial et culturel dont on retrouve la diversité en musique avec beaucoup de registres de composition différents.
Les témoins de l’époque parlent de Mogadiscio comme d’une ville multiculturelle extrêmement créative pendant les années 70 et 80, des années considérées comme la période dorée de la vie artistique de la ville. À cette époque, il y avait des fêtes partout, des concerts tout le temps, dont certains furent enregistrés dans des théâtres.
Et aujourd’hui le Guardian vient de dévoiler un super petit documentaire qui s’appelle Somali Night Fever, qui raconte les scènes funk, disco, soul et reggae de Mogadiscio. Une scène qui se produisait dans les endroits chics de la ville. Ce que raconte le documentaire aussi ce documentaire, c’est l’histoire de Habib et Abdulkader, deux membres d’un même groupe, qui se sont totalement perdus de vue au moment de la guerre. Ils ont été contraints à l’exil, sans savoir si l’un et l’autre étaient encore vivants.
Le film parle de leurs retrouvailles, et le récit de ces témoins qui racontent tous leurs souvenirs de cette époque. Un récit très émouvant, à découvrir ici :
Bam Bam, c’est le Bureau des Affaires Musicales de Radio Nova, animé par Sophie Marchand et Jean Morel, du lundi au vendredi sur Nova.
Visuel (c) Guardian