Tout plaquer pour vivre dans une cabane en bois dans les forêts sauvages du Haut-Kamouraska, entrer en lutte pour protéger l’environnement avec le soutien des esprits du Vivant et de la sagesse autochtone… La romancière québécoise Gabrielle Filteau-Chiba l’a fait, et elle raconte tout à Jeanne Lacaille au cours d’une rencontre ultra-sensible parmi les vieux arbres du Jardin du Luxembourg avant de rallier le festival Etonnants Voyageurs à Saint-Malo !
Femme-renard aux yeux verts du grand nord, Gabrielle Filteau-Chiba menait une vie plutôt standard à Montréal jusqu’au jour… Où s’impose à elle la nécessité de tout plaquer pour partir vivre dans une cabane en bois au cœur d’une forêt sauvage dans la région du Haut-Kamouraska. Là où naissent les Appalaches et les bélugas, Gabrielle Filteau-Chiba vit au bord d’une rivière, sans eau, sans électricité et sans réseau, en compagnie des ours, des coyotes, des grands pins et des aurores boréales. Et c’est au cœur de ce pays “où les chiens quand on les détache deviennent des loups” selon les mots du québécois Louis Hamelin dans son roman La Constellation du Lynx ; c’est là, dans la solitude chérie de sa petite coquille de noix, tout contre le poêle à bois, que Gabrielle Filteau-Chiba commence à écrire. Un journal intime d’abord, qui devient bien vite une trilogie romanesque : “Encabanée” en 2018, “Sauvagines” l’année suivante et “Bivouac” enfin, en 2021, publiés aux éditions Le Mot et le Reste et aux éditions Stock. Largement autobiographique, ce triptyque saveur sève est un cri du cœur pour la protection du Vivant, un plaidoyer poétique et hautement spirituel composé autour du personnage d’Anouk, qui comme l’autrice, quitte tout pour s’ensauvager avant de prendre part à la lutte collective contre un projet d’oléoduc qui menace sa forêt ; Raphaëlle, une agente de protection de la faune aux prises avec un violeur- braconnier ; et Riopelle, un militant radical qui fait chavirer les cœurs. Ensemble et avec les esprits de la forêt, ielles vont changer le cours des choses et aujourd’hui Gabrielle Filteau-Chiba achète des forêts pour les protéger avec ses droits d’autrice. Classe !