Le chanteur est tombé dans l’oubli après des débuts en fanfare. Sa mort n’en est que plus tragique.
En début de semaine, on apprenait le décès de Scott Walker, le musicien américain disparu à l’âge de 74 ans dont la jolie trajectoire pop était racontée cette semaine dans Libération par Olivier Lamm et Christophe Conte.
Scott Walker a d’abord connu les hit-parade avec son groupe, les Walker Brothers, au milieu des années 60, à Londres. Leur « Make It Easy on Yourself » (signé Hal David et Burt Bacharach) a même dépassé le « Satisfaction » des Rolling Stones dans les charts. Un succès que Scott Walker a fini par vouloir fuir, en s’enfermant dans un monastère pour apprendre le chant grégorien. Il a publié par la suite quatre albums intitulés Scott, de 1 à 4. Au sein de ces albums, des reprises de Jacques Brel, dont certains sont considérés comme des chefs-d’œuvres, encensés par David Bowie, par Jarvis Cocker de Pulp, par Rufus Wainwright.
Mais le succès, pour Scott Walker, va decrescendo, et l’Américain tombe dans l’oubli du grand public au fur et à mesure qu’il entre dans le cœur des plus grands musiciens. En 1969, il publie un poème dans un journal qui annonce la fin de son règne. Et dans les années 70, ses disques marquent l’histoire d’un artiste paumé, qui ne sait pas ce que le public attend. Il renonce à l’art et sombre dans l’alcool.
En 1975, pour de mauvaises raisons, il reforme les Walker Brothers, avec une reprise de « No Regrets », du chanteur folk Tom Rush. Un nouveau succès et puis plus rien, jusqu’à la faillite de leur label qui va paradoxalement tout relancer. Dans une interview donné à Mojo, Scott Walker affirme : « Toute cette blague avait duré bien trop longtemps, la reformation, la nullité, et je me suis dit soudainement que je n’en pouvais plus. Je me suis dit que puisque le disque allait sans doute finir au fond de l’abîme , je ferais mieux de faire le disque que j’avais envie de faire ».
Il en sort un disque : Nite Flights des Walker Brothers, qui définit un style à part en pleine explosion post-punk : le Art Rock. S’en suit quelques albums, dans cette quête maudite du succès qui n’interviendra qu’au travers des éloges dans des noms de la musique. Scott Walker appartient donc à la caste de ces artistes préférés de vos artistes préférés. Et il nous a quitté cette semaine, et on ne peut que le remercier pour l’impact qu’il a eu sur la musique de Bowie ne serait ce que ça.
Bam Bam, c’est le Bureau des Affaires Musicales de Radio Nova, animé par Sophie Marchand et Jean Morel, du lundi au vendredi sur Nova.
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