7ᵉ édition pour le festival TÉMA!, un événement qui met les clips à l’honneur. Cette année, les organisatrices consacrent l’évènement aux films réalisés par des femmes.
Depuis 2018, le festival TÉMA! propose ce qui est un fantasme pour beaucoup réalisateur·ices de clips : projeter son film dans une salle de cinéma, sur grand écran. Chacune des éditions de ce rendez-vous s’organise autour d’une thématique. En 2022, Tema! braquait d’abord sa caméra sur la scène hip-hop avec un palmarès 100% RAP, puis nous emmener cruiser pour une selecta autour de la Ride, (vitesse, bitume et grosses cylindrées). Pour cette 7ᵉ édition, les organisatrices invitent un casting de réalisatrices 100% féminin.
100% Réalisatrices
Cette programmation nait d’un constat en interne. Sur les deux dernières éditions, les hommes étaient sur-représentés sur scène comme dans la sélection, du fait des thèmes proposés. “On s’est rendu compte avec des thèmes comme “Le clip de rap” et notre dernier thème qui était “La Ride”, tout ce qui était “bolide” dans le clip, qu’on avait eu du mal sur nos à pouvoir vraiment trouver des clips réalisés par des femmes. On trouvait que la parole était monopolisée par les réalisateurs, et même que les équipes de tournage, c’était un peu des boys clubs.” C’était donc l’occasion pour le quatuor derrière l’événement de rectifier le tir, et de voir « ce qui se dégage en termes d’esthétique ou de narration quand il n’y a que des réalisatrices. » .
Prendre comme dénominateur commun le genre, et ouvrir la programmation à des réalisatrices uniquement, cela permettait également aux organisatrices du festival de se laisser champ en termes de courant musicaux, d’esthétique visuelle, et d’imaginaire représenté. Justine Sebbag, chargée de programmation, des partenariats, et co-fondatrice de TÉMA! confie avoir été surprise au moment de la sélection par l’omniprésence d’images sombres et de lectures pessimistes de l’époque dans les clips proposés. L’organisatrice ajoute qu’« aujourd’hui, post Covid, avec des budgets qui ne sont pas toujours énormes et des timings de plus en plus serrés, ce n’est quand même pas toujours simple, ni pour les artistes, ni pour les réalisateurs et réalisatrices ».
Au générique
Cette édition de Téma! met en avant le travail des jeunes réalisatrices travaillant avec des artistes bien identifiés dans la scène alternative et appartenant à une génération « mise face à beaucoup d’obstacles qui entravent son bonheur et son bien-être », comme BabySolo33 ou Éloi. Si la première se fond dans la peau d’une ange abattue qui “n’attends plus Roméo”, et en a marre des “Fake People”, la seconde se met en scène entourée de statues de dinosaures, la fumée de centrale nucléaire à l’horizon, comme une menace d’extinction.
Ce palmarès le met en évidence, les clips permettent de lire et mettre en images les préoccupations dans l’air du temps, au même titre que les autres œuvres audiovisuelles, comme le souligne Justine Sebbag, la sélection “reflète la musique, la génération, un esprit de notre époque”, qu’on devine un poil pessimiste. Cela n’empêche pas les réalisatrices et boîtes de productions de nous en mettre plein la vue.
Le « Soleil Mort » d’Éloi réalisé par Roxanne Gaucherand, n’est pas le seul à nous éclairer. « Feux Follet » signé par Vimala Pons ballote un Flavien Berger chantonnant dans des décors faits de feuilles mortes, d’asphalte et du bitume d’un parking, Jehane Mahmoud invite notre regard dans la vapeur de bains chauds pour « Bricolo » de Johan Papaconstantino, et November Ultra dialogue avec une abeille dans un « Miel » butiné par Zite & Léo. Une diversité d’imageries, d’idées et de technique, preuve du talent de cette génération qui regarde les clips sur la même plateforme où l’on trouve des tutos pour en faire, Youtube.
Le format du festival reste le même que sur les éditions précédentes. Les clips sélectionnés sont regroupés sur la page Instagram du festival TÉMA! et seront projetés lors d’une séance au MK2 bibliothèque ce jeudi 8 juin à 19:30. Les réalisatrices seront ensuite invitées sur scène pour en parler. Pour celles et ceux qui n’ont pas pu réserver leur place au MK2, il y aura un after après la projection juste à côté au Petit Bain. Des clips sur grand écran et de la teuf, vous ne trouverez pas mieux pour votre jeudi soir.