Arte remonte le temps avec une websérie en 10 épisodes intitulée « La vraie histoire de H.I.P H.O.P ».
H.I.P.H.O.P. est un monument d’histoire, un OVNI audiovisuel de 15 minutes, diffusé le dimanche après-midi sur TF1 en 1984, juste avant Starsky & Hutch… Un programme smurf avec baskets à gros lacets, rap et breakdance, qui a marqué toute une génération. Ça valait bien un coup de fil, dans Today’s Special, au réalisateur de la web série, Joe l’ExtraTerrestre.
Joe l’Extraterrestre, vous venez de quelle planète ?
Je suis né à New York, dans le Bronx, en 1976. Je me souviens d’avoir vu, très jeune, des publicités de hip-hop à la télé américaine. Je ne savais pas du tout qu’en France il existait dès 1984, une émission, qui était en fait la toute première émission de télé sur le hip-hop dans le monde entier.
Vous l’avez découverte bien plus tard, en arrivant en France. H.I.P.H.O.P. était présentée par Sidney, premier présentateur noir à la télé française, qui témoigne dans votre série. C’était une présentation en rap, à l’époque…
C’est incroyable parce que ça passait le dimanche après-midi à 14h30, après la messe et avant Starsky & Hutch, qui était la série vedette du moment, alors qu’aux États-Unis c’était déjà un peu vieux. Paradoxalement, H.I.P.H.O.P. n’aurait jamais pu exister aux États-Unis, parce qu’en 84, le hip-hop était encore très peu connu. C’était tout neuf et ça n’intéressait qu’un petit groupe. Je me souviens, petit, qu’à la télé on montrait ce que c’était, mais pour faire peur, plus que pour le célébrer. Ça disait plus ou moins : « Ouh il y a quelque chose qui se passe dans les banlieues, on ne sait pas ce que c’est mais les noirs commencent à danser bizarrement… »
C’est drôle, parce que ce mouvement est né aux Etats-Unis et c’est en France, sur TF1, qu’on en parlait en bien…
C’est un mouvement qui a commencé aux États-Unis et qui était révolutionnaire. Mais en France, il a rapidement été très bien expliqué. Et je crois que c’est pour ça qu’à l’époque, l’émission a eu un vrai impact. Il y a une génération qui est vraiment marquée par H.I.P.H.O.P.
Parmi les anciens téléspectateurs qui témoignent dans ta série, on croise Oxmo Puccino, Mathieu Kassovitz, Soprano, Black M, Doc Gyneco, I AM, mais aussi Gilbert Montagné, qui avait participé à des émissions. Parmi les interviewés, il y a aussi le patron de Radio Nova, Bernard Zekri.
Oui, dans le documentaire, je l’appelle le Christophe Colomb du hip-hop français. Pour moi, c’est lui qui a trouvé le hip-hop aux États-Unis en premier et qui ensuite a réussi à l’exporter, avec son New York City Rap Tour. Il a regroupé plusieurs artistes, DJ, danseurs, graffiti artists, comme Afrika Bambaataa, Grand Mixer DXT, Rock Steady Crew… Ils partaient de New York pour arriver à Londres, à Paris, à Lyon… Et ensuite Los Angeles. Et c’est la première fois que le rap et toutes les disciplines de l’époque sont montrées… et ça a pris.
Toute cette époque, cette épopée est à vivre ou revivre sur arte.tv, grâce à la websérie La vraie histoire de H.I.P H.O.P. C’est très coloré, avec incrustations et effets spéciaux d’époque, animation low-fi… Un bel OVNI.
Today’s Special, tous les matins dans la Grasse Matinale d’Armel Hemme, de 9h à 13h.
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