En fouillant dans les disques cultes de la bande-son vénézuélienne, on vous a déniché quelques productions réunies dans une compilation toute fraiche, dédiée à un géant de la salsa, Tabaco Quintana.
Si fumer est nocif pour la santé, écouter la musique de Carlos Quintana alias Tabaco est fortement recommandé. Ce pilier de la salsa vénézuélienne prend le surnom “Tabaquito” bien avant de se faire une place dans la chanson, non pas parce qu’il fume comme un pompier, mais parce qu’avec sa silhouette grande et fine, le chanteur ressemblait, selon ses amis, à un cigarillo. “Tabaquito” qui deviendra plus tard Tabaco. Un imaginaire enfumé dont le chanteur s’inspirera avec humour tout au long de sa carrière tout en s’investissant dans les causes qui lui tenaient à cœur.
El hombre cigarillo
Avant la musique dont il a commencé à vivre dès ses 20 ans, le jeune Tabaco était cireur de chaussures la journée. Une fois le boulot terminé, il filait tenter de s’incruster avec ses bongos (percussions cubaines) dans des groupes phares de Caracas. À l’époque, l’un de ces groupes l’attire tout particulièrement, le Sexteto Juventud (sextuor des jeunes), groupe de salsa qui s’est lancé en 1962 le jour de la fête des mères.
Ce groupe, c’est la formation qui monte en ville et par chance Tabaco connait l’un des membres, qui par un heureux hasard est prêt à lui laisser sa place. Après avoir passé une audition, il devient chanteur dans le groupe, puis finit par toucher à tous les instruments de la salsa. 10 ans plus tard, Tabaco Quintana monte ses propres formations. Tabaco y Su Sexteto, Tabaco y Sus Metales puis Tabaco y su Orquesta, Tabaco y su Grupo Futuro.. Ses groupes se vendront au Venezuela et s’exporteront bien en Amérique latine. Notre hombre cigarillo joue à plusieurs reprises en Colombie, et au Nicaragua, à l’occasion d’un festival international de salsa aux côtés de groupes cubains, un grand évènement pour le chanteur et un des sommets de sa carrière.
La salsa sociale de Tabaco
Toujours avec humour, Tabaco joue de son personnage de chanteur long et sec, et pousse la blague jusqu’à poser en photo allongé dans une boite de cigares grand format. Cette esthétique décalée, on le retrouve aussi dans ses titres de morceaux ou d’albums comme El Sabor De Tabaco, (le goût du tabac). Pourtant, le chanteur ne se cantonne pas à une image d’amuseur de galerie et sait aussi se montrer engagé.
Convaincu que la musique a un rôle de liant social, il joue chaque année dans des prisons vénézuéliennes pour les détenus, et plusieurs de ses morceaux sont écrits pour les démunis. Dans ses morceaux, il tient à raconter la prison, les injustices et ses idéaux.
Aujourd’hui, Tabaco reste l’une des figures majeures de la musique vénézuélienne, dont une partie du travail est regroupée dans une compilation en son honneur, Tabaco – Compiled by El Dragón Criollo & El Palmas, un best of disponible sur Bandcamp. Alors comme les compilateurs le soulignent, on ne peut que vous conseiller de découvrir « la voix magistrale de Tabaco qui s’adapte sans effort aux exigences de la mélodie et des paroles, maniant chaque rythme avec maîtrise ».