Le retour d’Orelsan, ça c’est croustillant. Le genre de trucs qui fait jaser. « J’aime ! », « je déteste ! », « le rap c’était mieux avant ! », « c’est même pas du rap ! » et autres avis hyper tranchés.
Orelsan a porté sa croix après son morceau « Sale pute » (qui était pourtant un excellent morceau – hi hi, provocation), il a également eu sa part de gloire après un album « Perdu d’avance » assez réussi.
Le rappeur normand revient dans sa deuxième version : plus mur, plus entouré, plus réfléchi, plus aiguisé au bizness, plus large dans ses choix et dans ses thèmes, et plus looké, plus BG quoi. Orelsan nouvelle version.
Isadora Dartial n’est pas de celles qui jugent. Oh que non, ça, personne ne pourra jamais lui reprocher. Elle invite artistes, réalisateurs, chorégraphes, musiciens, et va chercher au fond d’eux. Ce qu’il y a dans leurs oreilles, là d’où vient leur inspiration. C’est ainsi qu’elle a rencontré Orelsan, afin de voir ce qu’il y a dans ses oreilles sales.
Orelsan se définit comme quelqu’un d’assez simple. C’est un jeune caennais tu me diras. Un jeune normand, normal, normé. Avec sa grand-mère, il écoutait de la musique classique. Camille de Saint-Saens notamment. Mais la structure musicale du classique, très élaborée, lui fait « péter les plombs ».
Après les musiques de sa plus tendre enfance, Orelsan se rappelle de Supertramp. Après les souvenirs, son premier kiff : Emilie Jolie, la comédie musicale avec Ah que Johnny. Lorsque les autres invités te sortent du Stevie Wonder ou autres James Brown comme premier souvenir, c’est rien de dire qu’Orelsan se mouille. Il continue : Charles Trenet, le fou chantant. Il en remet une couche : premier disque acheté, Les Inconnus. Aurélien a douze ans.
Les CD’s coûtent cher, mais les cassettes tournent : IAM, NTM, Public Enemy, Orelsan se forge petit à petit sa culture rap. Viendront Warren G, Nas… 12-13 ans, Aurélien va au concert d’IAM. Claque. Le dernier concert qu’il ait vu, c’est Prince. « Il y a vraiment quelque chose qui se dégage ». On veut bien le croire.
Fin des années 90, Orel est à fond dans le rap. Ambiance Snoop, Dre, Wu-Tang… Belle époque. Et puis bien sûr, Michael Jackson. Queen aussi, pour les mélanges de tout ce qu’Orel aime bien, entre mélodies et guitares électriques, rock et ballades…
Chez les MC’s, Orel apprécie Eminem « bien sur », Kool G. Rap pour ses « belles histoires » et Slick Rick, qu’il adore, « un des premiers à faire du storytelling ». Orelsan écoute du rap et s’imagine aux States. A l’époque, il est également très fan de… Michel Berger, « Paradis Blanc ». Honnête, je vous jure.
Et parallèlement, Queen continue de lui donner le frisson. A côté de Nas et son « Message » ou de Galt Mac Dermot avec « Coffee Cold », samplé et resamplé.
Lorsqu’il nous dit que la musique de la fin du monde serait Grégoire,« Toi + Moi », on met ça sur le compte de l’humour. Par contre, il ne comprend pas l’engouement pour René la Taupe. Jusque-là, on le suit. « Je suis les tops I-Tunes et devant moi, y a plein d’animaux qui chantent ! « .
Aujourd’hui, Orelsan aime Lil Wayne, Rick Ross : ils rappent bien et ils ont un univers, un personnage. Mais en ce moment, il est plutôt grime, dubstep, kiffe bien sur les sons anglais, de The Streets (qu’il trouve assez proche de son univers et vice versa) à Professor Green.
Côté hexagonal, il n’a aucun problème à écouter Nessbeal (avec qui il a bossé), Booba, Sefyu ou la Fouine. Soit les plus gros vendeurs de notre beau pays. il adore Outkast et regrette qu’il s’agisse d’un des groupes les plus sous-estimés, peut-être incompris. Peut-être trop expérimental. André 3000? Un des meilleurs rappeurs de tous les temps. « Leur prochain album sera forcément bien, tu peux en être sur ».
Orelsan, c’est un personnage, et un artiste. Les deux. Dans un. Un type intéressant qui, mine de rien, déboule avec les bonnes questions et même des éléments de réponse. Un normand dans le rap, un geek dans le hip hop , mais un mec qui connaît son affaire. Un type qui a la technique, les épaules, le producteur (Skread quand même), et surtout un putain de propos. A écouter attentivement.
Le Chant des Sirènes vous appelle.
Osez seulement y répondre.