Si la colocation estudiantine est souvent synonyme de calvaire auditif pour le voisinage, alors celle de Portico Quartet devait être une aubaine.
Composé de quatre Londoniens et d’un instrument à percussion suisse (le Hang), le Portico Quartet a forgé un son qui trouve aisément sa place dans le cortège onirique des Cinematic Orchestra ou autres Bonobo.
Fruit de 25 ans de recherches de deux Bernois, le Hang est leur Pierre philosophale sonore. Si Nick Mulvey faisait vibrer l‘instrument sur les trois premiers albums, son remplacement par Keir Vine a orienté le groupe et son son vers les limes de l’électro et du jazz.
Vous venez de sortir un troisième album éponyme Pouvez-vous nous parler un peu de cet opus et ce son plus influencé par l’électronique ?
En effet, ce denier album est plus électro, ce qui lui confére un aspect plus froid et plus sombre que les précédents, plus acoustiques et plus chauds. On voulait explorer d’autres territoires sonores. Tous ces effets ont considérablement enrichi notre palette, on a découvert de nouvelles teintes, de nouvelles couleurs. De par le travail sur le son, cet album est plus difficile d’accès mais nous voulions garder cette simplicité inhérente à nos premiers opus.
La difficulté était donc de trouver la bonne alchimie entre les deux ; on ne voulait pas d’un truc qui parte dans tous les sens. C’est aussi pourquoi nous n’aimons pas être rangés dans des cases ou être estampillés jazz par exemple, on ne veut pas être séquestré dans un style particulier.
Cette nouvelle direction sonore vient-elle du remplacement de Nick Mulvey par Keir Vine, le joueur de Hang ?
En fait, on avait commencé à prendre cette orientation dès le second album. Mais lorsque Nick a quitté le groupe, on s’est rendu compte qu’il nous manquait quelque chose et l’électronique a en quelque sorte comblé ce vide. On samplait des sons de Hang pour sentir l’espace qu’il aurait du remplir.
C’est ce manque qui nous a amené à utiliser plus d’électronique et faire évoluer notre son. Nous écoutons beaucoup d’électro donc il était de toute façon naturelle pour nous d’emprunter cette direction, mais son départ a sûrement précipité les choses.
On a réalisé que les gens avaient de multiples manières d’écouter notre musique
Portico Quartet posséde une réelle identité sonore grâce à l’utilisation du Hang… est-ce que vous pourriez faire un album sans ses sonorités si particulières ?
Pourquoi pas, il est absent sur quelques titres du dernier album et sa place est moins centrale que sur notre premier opus par exemple. On l’a plus utilisé comme un effet et peut-être qu’il sera moins présent sur le prochain, mais ce n’est pas quelque chose de planifié.
Vous êtes un groupe plutôt instrumental mais vous avez fait intervenir une chanteuse suédoise sur le titre « Steepless ». Qu’est ce que cela vous apporte ?
On a vraiment apprécié sa voix sur ce morceau. On essaye de se libérer de plus en plus du saxophone qui est assez présent tout au long de nos albums.
On aimerait diversifier les voix principales de nos morceaux dans le futur. Le prochain disque devrait être plus axé sur des synthétiseurs ou de véritables voix avec un échantillon sonore plus riche.
Vous avez organisé un concours de remix d’un titre du dernier album, qu’est ce que cela vous a enseigné sur la vison qu’ont les fans de votre musique ?
Nous avions mis à disposition les différentes pistes d’un morceau et c’était assez cocasse de voir comment ils avaient remixé le tout. On a réalisé que les gens avaient de multiples manières d’écouter notre musique.
On a eu du disco, du hard rock et du big band.
Vous avez enregistré cet album à Abbey Road, que représente pour vous ce studio ?
Nous n’étions pas plus impressionnés que cela en fait…
Pour nous c’était simplement un endroit incroyable pour enregistrer un album. Ce studio représente plus de choses pour la génération de nos parent,s avec les Beatles, mais nous n’avons pas ressenti de choses particulières… mise à part la pression du prix journalier du studio, c’est pourquoi nous sommes resté que trois ou quatre jours !