Oxmo Puccino, le seul MC à faire l’unanimité autant auprès que les MC que de mes parents. Rencontre avec un grande de la chanson française.
O.X.M.O, quatre lettres symbolisant l’age d’or d’un rap français adulte, intelligent, poétique et crédible. Une voix, un flow, une plume qui aura écrit son chemin alambiqué de la place des Fêtes aux Victoires de la Musique. Une silhouette, des dents, des yeux qui auront scruté, analysé avec pertinence les rapports humains et les évolutions de la société. Un MC devenu un Monsieur, un rappeur devenu un artiste.
Oxmo n’a pas de projets. En ce moment, il ne travaille pas, si ce n’est pour faire la promo de son album live. Il n’est pas du genre à se forcer. Il fait les choses lorsqu’elles se présentent à lui. Il pense à l’écriture, bien sur. Au cinéma aussi, mais pas pour faire n’importe quoi. « Il faut que je trouve les bonnes personnes, le bon projet ».
Les règles, je préfère les apprendre pour mieux jouer avec
Le MC de la Place des Fêtes commence au sein de l’écurie Time Bomb qui, en 95, s’occupe des poulains les plus prometteurs d’un rap français alors dans son âge d’or. Aux côtés des Lunatic, X-Men et autres Pit Baccardi, le rappeur d’origine malienne peaufine son flow et son écriture si particuliers.
En 97, il sort Pucc’Fiction, un morceau en featuring avec Booba qui rencontre un énorme succès d’estime et lancera véritablement le début d’une longue et singulière trajectoire. Le black Jacques Brel est à part dans un univers ou beaucoup se ressemblent. Affilié à aucun clan, il est respecté par tous, y compris au-delà de la sphère hip-hop, à l’époque encore bien intimiste.
D’album en album le style évolue, Oxmo se jazzifie dans le Lipopette Bar puis se variétife avec L’Arme de Paix, pour devenir aujourd’hui un artiste, point barre. Un cas unique.
Dans ses principales influences, il cite Public Enemy et le Wu Tang. Les deux se sont récemment produits le même soir à Paris mais Oxmo n’y était pas, ni à l’un, ni à l’autre. Il ne va plus trop en concerts, il faut toujours qu’il y ait des gens qui viennent lui parler, des anciennes connaissances, des gens du boulot, des anonymes… Quitte à discuter, il préfère aller au bistrot.
Son évolution musicale, elle s’est faite naturellement. Oxmo se joue des règles depuis ses débuts, où il développait des thèmes d’habitude oubliés par le rap français; les sentiments, les relations hommes – femmes. Rappelez-vous « l’enfant seul » (ci-dessous).
« Les règles, je préfère les apprendre pour mieux jouer avec ».
Mais le Black Popeye, c’est d’abord une plume. Une plume qui a d’ailleurs déjà oeuvré pour des artistes grand public, Florent Pagny et Alizée, preuve de la notoriété et de la légitimité du Ox.
D’ailleurs, ta plume? « J’écris beaucoup. Je réfléchis très longtemps sur la même phrase, sur ce que je veux dire ».
On ne pouvait décemment pas se quitter sans un petit freestyle.