Vous avez passé l’été loin de toute forme de civilisation ? Alors, vous risquez d’être passé à côté des nouveaux Gabriels, Jungle, Jon Batiste, Genesis Owusu ou Disclosure. Voici nos albums préférés de l’été… à rattraper en cette rentrée !
Angels & Queens (Deluxe) de Gabriels (Atlas Artists / Gabriels LLC)
La voix de Jacob Lusk, leader tonitruant du projet soul, gospel et R&B Gabriels, nous accompagne depuis des années, et la sortie du bouleversant “Love and hate in a different time” (2020). Avec cette édition deluxe d’Angels & Queens, les Californiens offrent un nouveau disque sémaphore qui offre aux sensibles, égarés un moment sur les sentiers obscurs, un repaire rassurant. Achat à prévoir : quelques paquets de mouchoir, car les larmes viendront.
Volcano de Jungle (Caiola Records / AWAL Recordings)
L’un des grands albums disco, funk, pop de cet été nous provient une nouvelle fois de Londres, d’où les membres de Jungle composent, depuis dix ans, l’une des musiques les plus efficaces du moment, vertigineuse en studio et exaltée en live. Sur Volcano, un quatrième album composé sur la route, le duo Josh Lloyd-Watson et Tom McFarland ouvre les fenêtres et incorpore des intentions hip-hop et soul sur un disque où l’on notera notamment le gros featuring de Channel Tres sur le très langoureux “I’ve been in love”. Éruption immédiate : planquez les timorés.
STRUGGLER de Genesis Owusu (OURNESS / AWAL Recordings)
Musiques électroniques, hip-hop, punk, pop… Genesis Owusu, artiste australien originaire du Ghana, est incontestablement l’un des artistes les plus inventifs de la scène alternative australienne actuelle (qui comporte pourtant aussi, dans un tout autre genre, Tame Impala ou King Gizzard and the Lizard Wizard). “Leaving the light”, “The Roach”, “The Old man”… ce musicien et chanteur de Canberra dévoile, sur son nouvel album STRUGGLER, une panoplie étonnante d’ambiances, d’humeurs et de tonalités, et offre un disque à mettre entre les mains de quiconque se demande à quoi peut bien ressembler l’idée, toujours vaporeuse, de créativité musicale en 2023.
World Music Radio de Jon Batiste (Nath Jona / Verv Label Group)
Un DJ et animateur aux allures de passeur (ou connexionneur ?) qui serait en charge de transmettre, au reste de l’univers, les musiques qui incarnent au mieux la diversité de ce monde-ci ? Voici le délire de Jon Batiste, Louisianais qui interroge l’idée de “musique du monde” (de quel monde s’agit-il, exactement ?) sur un album concept façon Rencontre du troisième type en 2023 sur lequel apparaissent les noms de Jon Bellion, Lil Wayne, Fireboy DML, J.I.D, Camilo ou NewJeans. Entendu sur Nova cet été : la pépite « Calling your name », à partager avec les mecs de Mars, les femmes de Vénus et tous ceux qui se trouvent entre les deux.
Alchemy de Disclosure (Apollo Records / AWAL Recordings)
La bombe UK garage et house de l’été nous vient une nouvelle fois du sud de Londres (la chaleur, ici, ne vient historiquement pas du ciel mais des machines) et des frères Guy et Howard Lawrence, qui ont sorti un quatrième album studio sans samples ni featurings, ce qui, pour eux, représente un tournant artistique majeur. Suées grandioses à prévoir sur la piste de danse avec les tracks “Simply won’t do”, “Go the distance” ou “Sun Showers”.
Prestige de Girl Ray (Moshi Moshi Records)
Londres encore, Londres toujours, avec ce troisième album de Girl Ray, trio chez qui la disco, le funk ou la pop se font solaires, généreux, énergiques. “Up”, leur tube à la classe évidente, a circulé sur Nova cet été et a probablement accompagné les vagabondages de celles et ceux ayant une attraction pour les mélodies chaudes, les balades aux synthés, les voix qui rappellent un brin celle de Debbie Harry de Blondie et qui prouvent, once again, qu’en Angleterre aussi, le soleil se lève.
Slugs of Love de Little Dragon (Ninja Tune)
Notre groupe de pop scandinave préféré parmi tous les groupes de pop scandinave passe sur Nova dès qu’un album s’échappe de la créativité remarquable d’un groupe qui jongle entre musiques électroniques, intentions tribales, R&B tranquille, disco froide, rock chaud. Une pop tout-terrain porté, sur Slugs of Love, par un titre sifflotant (“Amöban”), un autre choral (“Kenneth”) ou le très réussi “Disco Dangerous”, qui confirme que les derniers jours du disco ne sont décidément pas pour tout de suite.
99 Nights de Charlotte Cardin (Atlantic Recording Corporation)
Prophète en son pays (elle est née à Montréal), Charlotte Cardin a livré cet été un disque pensé entre Toronto, Londres et Los Angeles, où les guitares sont reines, soufflent le froid autant que le chaud, et font de la beauté avec cette tristesse qui, miracle, se transforme parfois en spleen. Il y a du Daughter, du Taylor Swift des débuts (c’est frappant sur le très cool “Confetti”) ou du Lana del Rey ici. Il y a aussi 99 nuits, si ce n’est davantage, à passer avec cette pop indie, R&B, électronique, folk, douillette, qui fantasme même une relation avec Jim Carrey sur un morceau qui emprunte le nom de l’acteur canadien car celui-ci incarne, pour Charlotte Cardin, une certaine forme de liberté. C’est drôle et c’est tendre. C’est un des disques de l’été.
Beautiful and brutal yard de J Hus (Black Butter Ltd)
Le prodige britannique J Hus avait déjà cartonné il y a trois ans avec l’album multi-récompensé Big Conspiracy, qui lui avait ouvert les portes de collaborations majuscules (Dave, Skepta, Stormzy, Ed Sheeran…). Cet été, le rappeur est revenu avec un disque qui met une fois encore l’afro-rap et l’afro-pop au centre du propos et monte très haut dans les charts avec des morceaux comme “Masculine” en feat. avec Burna Boy, “Nice body” avec Jorja Smith et surtout “Who told you”, tube immédiat et radiophonique sur lequel pose Drake.
Sundial de Noname (AWAL Recordings America)
Depuis Chicago, on a également vu apparaître cet été le second essai de Noname, cette rappeuse imprégnée de soul, de gospel, de jazz, de hip-hop qui avait déjà sorti il y a cinq ans le très réussi Room 25, largement joué sur Nova. Sur Sundial, les rimes sont toujours aussi tranchantes et les prods. toujours aussi fortes : gros coup de foudre à prévoir pour les morceaux “namesake” (quel flow !), “toxic” ou “afro futurism”.
Magic 2 de Nas (Mass Appeal)
Depuis quelques années, le rappeur new-yorkais Nas, nom fondamental du rap east coast des années 90 (trente ans après, son album Illmatic fait toujours autant l’unanimité) s’offre une seconde jeunesse en compagnie du producteur Hit-Boy, ancien membre de l’écurie GOOD Music de Kanye West. À ses côtés, Nas s’est renouvelé, se confronte aux classiques (50 Cent) comme aux modernes (21 Savage) et sort, avec Magic 2, son cinquième album depuis 2020. Faire du neuf avec du vieux ? Il faut être capable, pour ça et malgré les vieilles gloires qui pourraient autoriser la paresse, savoir garder l’œil ouvert. Et se persuader d’avoir encore sa place dans un monde et une industrie où tout va pourtant si vite.
Happy Music de Supershy (Beyond the Groove / AWAL Recordings)
Supershy ? Le nouvel alias de Tom Misch, le producteur londonien très productif qui pioche dans la disco et la house pour la conception de bangers destinés à dresser le sourire sur le visage de tous les clubbers du monde. Tout est dit dans le titre : un album fait de morceaux pensés afin de rendre “happy” quiconque les recevra dans la face. Pour vivre heureux, vivons… sur une piste de danse ?