Des albums, il en sort désormais 2520 par semaine (chiffre approximatif). Pour vous aider à faire le tri, voici la sélection hebdo de Radio Nova des albums à ne pas louper.
Lahai de Sampha (Young)
L’une des voix favorites des plus grands artistes de notre époque — de Kendrick Lamar à Frank Ocean, de Solange à Drake en passant par Stormzy ou SBTRKT, avec qui il s’est fait connaître — est de retour en solo six ans après son album Process. Un disque qui avait été porté par quelques tubes en or massif — « (No One Knows Me) Like The Piano », « Plastic 100°C » ou le bouleversant « Blood On Me » — et qui avait imposé la voix d’exception de ce londonien aux lyrics sensibles et aux productions écartelées, toujours, entre post-dubstepà la James Blake et R&B traficotée à la Bon Iver (période 22, A Million). Attendu comme l’un des incontournables de l’automne, l’album de Sampha se positionne une fois encore au plus proche de l’intime — Process, déjà, avait été écrit suite au décès de sa mère. Cette fois, c’est à son grand-père que le chanteur rend hommage avec cet album nommé comme lui — Lahai — et dont les premiers singles — “Spirit 2.0”, “Only” — ont déjà soufflé le chaud et le froid sur nos petits cœurs prêts à être touchés par cette soul des temps modernes chez qui la grâce du charnel touche autant que la grâce des machines… et celle du piano que Sampha maitrise à la perfection.
Santhosam de Priya Ragu (Warner Records UK)
À 37 ans, Priya Ragu l’assure : elle a fini, et n’en déplaise aux philosophes qui assurent qu’il est inatteignable et condamné à demeurer une chimère, par connaître le bonheur. Le grand, le puissant, le simple, le tout petit bonheur qui donne même son nom à cet album qui se nomme donc Santhosam (vous qui parlez tamoule, vous aviez déjà, bien sûr, fait la traduction). La chanteuse tamoule-suissesse serait parvenue à ses fins à l’aide d’une vie qui aurait enfin trouvé son équilibre et par le biais d’une musique qui pioche dans le R&B, dans la pop, et bien entendu dans les musiques tamoules pour proposer un son indépendant, personnel, original, pas si proche de ça de l’autre artiste tamoule qu’identifie la culture populaire, la tumultueuse MIA. Après “Good Love 2.0” et la mixtape DAMNSHESTAMIL (qui l’a fait connaître), un premier album qui dit la singularité d’une artiste qui ne se cache plus et qui au contraire, s’affirme au plus proche d’elle-même.
Ichon, Kassessa (The Orchard / Savoir Faire)
“C’est pour mes jeunes qui viennent des banlieues maudites (…) ceux qui ont mauvaise presse auprès des plus riches”. Le rappeur de Montreuil rappe les marginaux, les incompris et les délaissés dans un nouvel album, Kassessa, qui bénéficie des productions de Loubenski et de Max Baby. Le nouveau disque d’un “Voyou” au cœur tendre, d’un “Naufragé” de la norme pas trop embêté, vu la vitalité de sa plume, à la “Page blanche” qui en handicape tant. L’album d’un rappeur qui sait faire jongler les mots, plaît aux propres comme aux déglingos, séduit les branchés et les amateurs de lyrics tranchants comme des schlass. Le disque d’un garçon qui sait “La beauté des maux”. Et la puissance du rap.
Barry Can’t Swim, When Will We Land? (Ninja Tune)
Enfin, l’album de Barry Can’t Swim, cet Écossais qui ne sait pas nager mais qui sait très bien faire danser les foules, en témoigne ce nouvel album qui convoque sur les pistes la deep house, le jazz, l’afrobeat et qui glisse : “Je voulais que l’album ait l’énergie de la musique électronique mais aussi avec un élément live plus organique. J’ai l’impression d’être plus musicien qu’autre chose. Je suis un producteur mais j’aime écrire de la musique sur des instruments.” Merci Barry, bonne baignade quand même.