Dans son livre « 4%, en théorie », Matthias Chaillot relate des études scientifiques et des témoignages sur les origines de l’homosexualité.
Le livre de Matthias Chaillot débute avec cette citation de Frank Kameny, astronome et militant homo, en 1960 : «Je n’ai jamais entendu un seul cas d’hétérosexuel, quel que soit le problème auquel il pouvait être confronté, s’enquérant de la nature et des origines de l’hétérosexualité, ou demandant pourquoi il était hétérosexuel, ou considérant ces questions comme importantes. Je ne vois pas pourquoi nous devrions faire une enquête similaire en ce qui concerne l’homosexualité ou considérer les réponses à ces questions comme étant d’une quelconque importance pour nous.» Matthias Chaillot, pourtant, se questionne. Environ 4% des hommes seraient homosexuels, en théorie, c’est le titre de son ouvrage. Suis-je Born this way (né comme ça) comme le chante Lady Gaga dans l’un des hymnes les plus prisés de la communauté, ou y a-t-il des processus qui créent, ou favorisent l’homosexualité ? « Si cette question du pourquoi ne m’angoisse pas ni ne m’obsède, écrit l’auteur, elle ne m’a jamais quitté. Comme un petit mystère qui m’a suivi au fil des années. (…) Les corps et les esprits des hommes homosexuels ont toujours été interrogés, scrutés et même disséqués. Aujourd’hui encore, jusque dans nos gènes ».
Entre l’intime et le scientifique, son livre rassemble alors des études menées par des chercheurs, (eux-mêmes gays pour la plupart) qui tentent de percer ledit mystère et déterminer des « causes » de l’homosexualité masculine. Psychiatres, généticiens, statisticiens, endocrinologues et charlatans. Il y en a pour tous les goûts avec des théories surprenantes.
« Effet grand frère », exposition à la testostérone, gène gay
Matthias Chaillot découvre alors (et nous avec lui) “l’effet grand frère”, selon lequel la probabilité d’être homosexuel augmente avec le nombre de grands frères, ou l’idée qu’une faible exposition à la testostérone pendant le « premier bain » durant les neuf mois de grossesse conduirait les homosexuels à adopter des comportements « féminins ». En Pologne il s’infiltre dans l’une des fameuses thérapies de conversion, processus violent qui prétend « guérir » l’homosexualité. Matthias Chaillot nous parle aussi de ceux qui ont voulu trouver un gène gay ou bien d’à quel point le règne animal est queer.
Les tentatives de « corriger » l’homosexualité dans l’histoire
Le problème de toutes ces études n’est pas de s’interroger sur l’homosexualité, c’est surtout l’usage qu’on en fait quand il s’agit à l’arrivée de « corriger » l’homosexualité et de ramener les homosexuels sur « le droit chemin ». C’est le cas, par exemple, de la castration pratiquée dans la première partie du XXe siècle parce qu’on pensait que les homosexuels produisaient trop de testostérone. Avant cela, il y a eu la stimulation électrique par implants cérébraux puisqu’on croyait qu’au contraire, les homosexuels n’en produisaient pas assez. Dans les années 1960, un chercheur a, lui, imaginé un électrochoc transportable pour se torturer à domicile à chaque pensée homosexuelle.
La conclusion à laquelle arrive Mathias Chaillot dans son livre paru aux éditions de la Goutte d’Or… c’est qu’il n’y a certainement pas une seule raison à l’homosexualité et avec un brin d’ironie qu’on devrait peut-être consacrer quelques études à la recherche des causes de l’hétérosexualité.