Occulté dans la presse par l’élection du nouvel homme fort français, le décès d’Adam Yauch le 4 mai 2012 n’en a pas moins ébranlé le coeur de tous les amateurs de hip hop.
Occulté dans la presse hexagonale par l’élection du nouvel homme fort français, le décès d’Adam Yauch le 4 mai 2012 n’en a pas moins ébranlé le coeur de tous les amateurs de hip hop. Une légende s’en est allée, au trop jeune âge de 47 ans, laissant derrière elle une oeuvre, elle, immortelle.
Retour sur celle-ci.
Fruit de l’amour consommé par Frances et Noel Yauch, le petit Adam naît au coeur de l’été 1964 à Brooklyn, New York. Adolescent, il se dirige vers la scène punk, où il rencontrera ses futurs frères d’armes. Tous les amis qu’il y croise jouent dans 4 ou 5 groupes différents, par ci par là ; fidèles à la scènes punk et à son esprit, les combos qu’ils forment sont éphémères…
Au micro de Mélanie Bauer il y a quelques années (écouter l’archive en bas d’article), Adam Yauch se rappelle que les Beastie Boys, qui se connaissent donc depuis la scène punk de la fin des seventies, auront percé sans trop de difficultés, comparé aux autres groupe de l’époque.
A cette période, les rockeurs junkies genre The Ramones vieillissent. Le groupe d’amis écoute du punk, mais sort également en club, à New York, découvrir les scènes émergentes, notamment celle hip hop.
Une sorte de hip hop de blancs teinté de rock
Ils feront naturellement le mix entre les deux écoles. Parmi cette pléiade de groupes qui gravitent autour d’Adam Yauch et ses amis, les Beastie Boys, qu’il compose, entouré de Michael « Mike D » Diamond et Adam « Ad-Rock » Horovitz. Leur premier concert se tiendra chez un pote à eux, disquaire new yorkais. A cette époque, il veut fonder un label. « Vous voulez enregistrer ? Allez ! « .
Le groupe sort ainsi l’album « License To Ill » en 1986 sur Def Jam Records, qui contient notamment les morceaux « Girls » et « (You Gotta) Fight For Your Right (To Party) » et son formidable clip.
Les Beastie ne se prennent pas au sérieux et jouent aux clowns machos. Mais ils font le taff.
Parallèlement au punk, ils écoutent beaucoup de hip hop, époque Grand Master Flash et compagnie. Early years. Ils sont la fusion des deux courants et se dirigent progressivement progressivement vers un délire plus hip hop. « Le Rock Box de Run DMC (voir clip) représente parfaitement le mix des deux. Ou Public Enemy, « By The Time I Get To Arizona » (clip ci-dessous). La fusion rock et hip hop fonctionne, mais pas toujours… une sorte de hip hop de blanc teinté de rock ».
Leur hip hop de blancs à eux, ils le trouvent. La fusion, ils la réussissent. 3 ans après « License to Ill », les Beastie sortent en 1989 le génial « Paul’s Boutique » produit par The Dust Brothers, considéré par beaucoup comme leur album le plus abouti (malgré un succès d’estime plus que commercial)et sorti chez Capitol records.
Mené par les morceaux « Hey Ladies » (clip) et « Shake Your Rump » (ci-dessous), le groupe garde l’énergie punk mais se hiphopise. Et s’enrichit de sa culture jazz, funk… « On écoutait beaucoup de Miles Davis… beaucoup de musique brésilienne aussi, notamment la bossa nova des années 60… Et puis bien sur The MJ’s, The Meters, James Brown. La funk musique, quoi ».
Pour trouver des samples, les Beastie écoutent énormément de disques. Tant d’ailleurs qu’ils se décident à reprendre les instruments pour se remettre à jouer leur musique.
Des musiques black avec une âme punk, c’est la formule des Beastie, dont Adam MCA est l’architecte en maître. Ils poursuivent dans la même direction avec « Check Your Head » et l’arrivée d’un certain Money Mark au synthé. On y retrouve notamment le morceau « So Wat’cha Want ».
« Ill Communication » et son hymne « Sabotage » sortent en 1994. Le clip du track, dans lequel les Beastie s’imaginent en flics de choc, est réalisé par un certain Spike Jonze. On y retrouve également le génial, inimitable, intemporel « Sure Shot ».
La suite, on la connaît sans doute un peu mieux. « Hello Nasty », porté par le « Intergalactic » (clip haha) &« Body Movin » (clip, haha toujours), sort en 1998, leur cinquième album pour lequel les B.Boys font équipe avec Mix Master Mike.
Puis viendra « To The Five Borough », et des Beastie Boys aux propos qui se politisent, notamment après « les événements » du 11 septembre.
Parallèlement à cela, Yauch fonde en 2002 son studio d’enregistrement, Oscilloscope Laboratories, puis Oscilloscope Pictures, compagnie de films indépendants. Bouddhiste pratiquant, il s’investit particulièrement dans le mouvement d’indépendance tibétain et organise le Tibetan Freedom Concert.
En 2009, on lui diagnostique le cancer des glandes salivaires qui aura raison de lui, trois ans de lutte plus tard.
L’histoire retiendra un MC, un groupe qui a toujours fait les choses sérieusement, sans jamais se prendre au sérieux. Des artistes militants et novateurs, ouverts et positifs.
L’annonce de la mort de Yauch a eu une résonance spéciale dans le monde de la musique ; quelque part, c’est un peu le décès d’un ami éloigné…
Un drôle de sentiment d’inachevé, de frustrant.
Un goût de pas assez.
Ci-dessous la version revisitée du « (You Gotta) Fight For Your Right (To Party) » qui en dit long sur l’esprit des Boys, qui ont salué à la mort de Yauch le départ de « l’homme le plus cool du monde ».
Peace.